(Toronto) La demande d’articles non essentiels dans les magasins Canadian Tire a chuté au cours du dernier trimestre, la société affirmant que les clients ressentent de plus en plus les effets de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt.

Canadian Tire a ainsi affiché jeudi un bénéfice net de 99,4 millions au deuxième trimestre, soit une glissade de 32 % par rapport à celui de 145,2 millions réalisé l’an dernier. Ses revenus trimestriels ont reculé de 3 % à 4,26 milliards.

Le bénéfice par action dilué normalisé s’est établi à 3,08 $, comparativement à 3,11 $ il y a un an, ce qui correspond essentiellement aux attentes des analystes sondés par la firme Refinitiv.

Les ventes comparables consolidées ont augmenté de 0,1 % après la croissance de 5 % enregistrée au deuxième trimestre de 2022.

Le président et chef de la direction de Canadian Tire, Greg Hicks, a expliqué par voie de communiqué que la demande des consommateurs canadiens pour les biens de consommation discrétionnaire a fléchi « dans un contexte marqué par l’inflation persistante et la poursuite des hausses de taux ».

Revoir les aspirations

Le communiqué ajoute que, « en raison du rythme plus lent de la croissance, et du ralentissement notable des ventes du secteur Détail au deuxième trimestre de 2023, la Société retire pour le moment les aspirations financières qu’elle avait annoncées », notamment une cible de croissance annuelle moyenne des ventes de 4 %.

L’environnement économique actuel et le niveau de la demande des consommateurs « diffèrent considérablement de nos attentes lorsque nous avons établi notre stratégie au début de 2022 », a déclaré M. Hicks.

« Nos résultats du deuxième trimestre ont marqué un tournant dans l’économie canadienne », a-t-il dit aux analystes lors d’une conférence téléphonique.

« Avec dix hausses de taux d’intérêt en moins de 18 mois et une inflation persistante qui a une incidence sur le coût de la vie et qui entraîne une réduction des coussins d’épargne, les consommateurs canadiens subissent des pressions financières accrues et doivent prendre des décisions plus difficiles en matière de dépenses. »

Il a noté une « bifurcation du rendement » entre les achats de produits essentiels et discrétionnaires dans les magasins Canadian Tire.

Les ventes de produits essentiels ont augmenté de plus de 6 % au cours du deuxième trimestre, tandis que les ventes de produits discrétionnaires ont diminué de plus de 3 %.

Les articles ménagers considérés comme essentiels, tels que les ampoules électriques, les essuie-tout, les balais et autres produits de nettoyage, sont probablement toujours en forte demande dans les magasins Canadian Tire, tout comme les produits automobiles de base tels que l’huile à moteur, a estimé l’analyste en commerce de détail Bruce Winder.

Mais il ajoute qu’il y a probablement eu un recul pour les articles plus agréables à utiliser, comme le matériel de camping et de jardinage, ou les articles de sport.

« Leur modèle d’entreprise est tel qu’en période de récession, les articles discrétionnaires sont sous pression, a expliqué M. Winder.

« L’inflation […] est toujours de l’ordre de 9 % pour les denrées alimentaires, ce qui ponctionne une grande partie de l’argent de chaque ménage. Ils n’ont plus d’argent à dépenser pour les biens de consommation courante. »

L’analyste Irene Nattel, de la RBC, a estimé que les résultats trimestriels de Canadian Tire sont supérieurs à ce qui était anticipé, tout en prévenant que la timidité des consommateurs risque de continuer à nuire à la société.