En plein virage électrique, le constructeur d’autocars Prevost ne peut se permettre de regarder trop loin en avant. La reprise de la demande l’oblige à accroître sa capacité de production malgré les défis chez ses fournisseurs et la difficulté à trouver de nouveaux employés.

« Nous sommes rendus à 15 ou 16 mois d’attente pour un autocar, on n’a jamais vu cela », lance François Tremblay, qui dirige le groupe Volvo Canada depuis le 2 mars dernier, dans une récente entrevue avec La Presse, alors qu’il était de passage à Montréal. « Avant, c’était aux alentours de six mois. »

Cette forte augmentation du carnet de commandes survient alors que le constructeur jette les bases d’une nouvelle plateforme électrique dans le but de commencer à livrer des autocars électriques à compter de 2026. M. Tremblay – président de Prevost avant de prendre les commandes de l’antenne canadienne de Volvo le mois dernier – jongle ainsi avec des défis de montée en cadence et de conception d’un nouveau produit.

Dès le mois prochain, il devrait y avoir trois véhicules par jour qui sortent des usines de l’entreprise, qui n’a pas l’intention de s’arrêter là. On souhaite assembler quotidiennement quatre autocars l’an prochain.

« À l’usine de Sainte-Claire, c’était une unité par jour en février 2022, illustre M. Tremblay. Il y a deux problèmes majeurs : la main-d’œuvre et les chaînes d’approvisionnement. »

Je peux croître aussi rapidement que je recrute. On est chanceux parce que l’an dernier, nous avons recruté 240 personnes à Sainte-Claire et ça devrait être 150 [embauches] cette année.

François Tremblay, président de Prevost

Prevost réalise environ 85 % de ses ventes aux États-Unis. Dans les sociétés de transport publiques, l’achalandage n’a pas renoué avec ses niveaux prépandémiques, mais la demande est toujours au rendez-vous.

Les assouplissements sanitaires ont eu un impact positif chez les entreprises privées de transport par autocar ainsi que dans le secteur du divertissement.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François Tremblay dirige le groupe Volvo Canada.

« On peut ajouter à cela les maisons motorisées de luxe à 2-3 millions US, affirme M. Tremblay. Dans le monde de la musique, les groupes roulent essentiellement avec nos véhicules. Il y a une grosse demande avec le rattrapage. Les sociétés de transport veulent aussi conserver une flotte en bon état. Après dix ans, un véhicule, il faut oublier ça. Les cycles d’utilisation, c’est dur. »

Balbutiements électriques

À l’instar d’autres acteurs de la filière électrique, Prevost a reçu un coup de pouce financier du gouvernement Legault dans le cadre de ses ambitions d’électrification, l’an dernier. L’aide totalise 23 millions en subventions et prêt-subvention. Cela permettra à l’entreprise d’emboîter le pas à des rivaux comme Proterra (États-Unis), Van Hool (Belgique) et BYD (Chine), qui proposent des autocars électriques.

Même si la production du modèle H3-45 n’est prévue qu’en 2026, M. Tremblay affirme être à « la veille » d’annoncer les « premières commandes ». Il n’a cependant pas offert de détails sur l’identité des acheteurs à ce stade-ci.

Les ingénieurs du constructeur d’autocars sont confrontés à « trois défis majeurs », selon son dirigeant. Le poids, avec six blocs-batteries qui pèsent au moins 500 kilogrammes chacun, l’espace qu’ils occupent ainsi que l’autonomie du véhicule.

On mise sur une autonomie de 400 kilomètres pour l’instant. Cela devrait permettre de viser quatre créneaux : les trajets de courte distance dans les villes, les navettes pour le transport d’employés, les trajets intercités de courte distance ainsi que les véhicules utilisés pour les tours de ville.

« Un trajet entre Montréal et Québec, c’est parfait, dit M. Tremblay. On parle d’un trajet d’environ 270 kilomètres avec une occasion de recharge à destination. Tout ce qui concerne une utilisation inférieure à 400 kilomètres, notre autocar pourra y répondre. »

Le virage électrique chez Prevost devrait se tourner vers l’expertise de Nova Bus, qui appartient également au groupe Volvo. Le virage électrique est plus avancé chez ce constructeur d’autocars urbains, qui a déjà livré ses modèles électriques LSFE+.

En savoir plus
  • 850 personnes
    C’est l’effectif de l’usine exploitée par Prevost à Sainte-Claire.
    source : prevost