En dépit de l’inquiétude persistante entourant l’économie et ses effets sur la disponibilité du capital de risque, une jeune entreprise montréalaise spécialisée dans les semiconducteurs voulant concurrencer la technologie Bluetooth vient de boucler un financement la valorisant à 120 millions de dollars.

Spark, dont les bureaux sont installés dans le quartier Griffintown, doit annoncer lundi la clôture d’une ronde de série B lui permettant d’avoir accès à près de 50 millions de dollars.

L’opération est menée par Idéaliste Capital, firme d’investissement montréalaise orientée vers la transition énergétique et les technologies propres.

Ce financement arrive moins de trois ans après une ronde de série A qui avait apporté 17,5 millions à Spark.

Idéaliste Capital entre au capital-actions de Spark en injectant 24 des 34 millions couverts par l’opération de financement de série B. Idéaliste Capital offre aussi une ligne de crédit de 10 millions à Spark et est désormais le plus important actionnaire de l’entreprise avec une participation d’approximativement 20 %.

Ce financement devrait permettre à Spark de se rendre à la rentabilité et de l’aider à générer ses propres flux de trésorerie.

Steeve Robitaille, co-associé-directeur chez Idéaliste Capital

Des actionnaires existants participent aussi au financement, notamment Cycle Capital, Exportation et développement Canada, Real Ventures, ainsi que la firme de capital-risque californienne ND Capital.

L’argent récolté servira à embaucher du personnel pour développer le produit et soutenir les ventes.

Semiconducteurs sans usine

Fondée il y a sept ans, Spark se présente comme une entreprise de semiconducteurs sans usine ouvrant la voie à des communications sans fil à très faible consommation d’énergie pour les réseaux personnels à haute performance et les appareils connectés à l’internet des objets.

L’entreprise compte 70 employés, essentiellement à Montréal et pour la plupart des ingénieurs. La direction ambitionne de doubler son effectif d’ici trois ans et d’atteindre la rentabilité en 2025.

Spark, dont les revenus demeurent modestes (à peine 5 millions jusqu’ici), fait la conception de circuits intégrés et de logiciels de puces.

Pour résumer de façon simple, le directeur de la technologie de Spark, Frédéric Nabki, soutient qu’on peut qualifier les puces équipées de la technologie de Spark de « Bluetooth sur les stéroïdes ».

« Notre but est notamment d’aller plus loin que ce que permet Bluetooth en vitesse de communication et en énergie consommée », dit-il.

La technologie de Spark permet de transmettre à très faible énergie des données, dit Frédéric Nabki.

Il précise qu’elle permet un débit de données près de 10 fois plus élevé que Bluetooth, ce qui permet un accès à de l’audio hi-fi, à de la vidéo, etc.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Fares Mubarak, chef de la direction de Spark, et Frédéric Nabki, cofondateur et directeur de la technologie

Frédéric Nabki ajoute que le délai de communication est amené à un niveau imperceptible. « Plus de 10 fois plus court. Ça amène une communication de données instantanée. »

Il soutient que le produit n’a pas un coût prohibitif par rapport à Bluetooth. « On peut donc être déployé dans l’électronique de masse sans problème », dit-il.

« Compte tenu des communications sans fil actuelles autour de la planète, si on peut réduire la consommation d’énergie par un facteur 10 avec ses écouteurs, sa souris d’ordinateur, sa clé de véhicule, etc., ça peut avoir un impact, et c’est sans compter celui sur la réduction des déchets de batteries au lithium qui sont un fléau », dit Frédéric Nabki.

Spark tente présentement de séduire les plus grands manufacturiers avec sa technologie.

L’objectif est de la déployer dans les cellulaires. « Notre but d’ici quelques années, si tout se passe bien, est d’être dans les téléphones intelligents. Et là, bien sûr, on serait omniprésent. On pourrait alors parler de la nouvelle génération de technologie sans fil qui surclassera peut-être Bluetooth un jour », dit Frédéric Nabki.

Si Spark n’a toujours pas de produits sur le marché, des clients ont toutefois commencé à utiliser sa technologie pour leur production, indique le chef de la direction, Fares Mubarak, qui préfère ne pas nommer ces manufacturiers tant qu’ils n’auront pas présenté leurs produits. « Ça viendra plus tard cette année », affirme-t-il.

CAPTURE D’ÉCRAN LA PRESSE

Fares Mubarak et Frédéric Nabki durant l’entrevue à distance accordée à La Presse

Spark dépend de l’Asie pour la production de ses puces. Elles sont fabriquées par TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company), par ailleurs unique fabricant des semiconducteurs utilisés dans les appareils Apple.

Relisez l’article sur Spark publié dans La Presse il y a deux ans