Le gouvernement Legault allongera 60 millions pour accroître de 30 % son réseau de bornes de recharge rapides et offre 6 millions au spécialiste québécois de la recharge de véhicules électriques FLO pour l’aider à concevoir une nouvelle génération de bornes.

Ces deux annonces ont été effectuées dans le cadre du Sommet international des transports électriques intelligents (TEI) qui se tient jusqu’à mercredi au Palais des congrès de Montréal.

Il y a actuellement plus de 1200 bornes de recharge à courant continu (BRCC) dans le réseau québécois. Sa croissance est évaluée à environ 30 % en vertu de l’engagement confirmé par le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs Benoît Charette.

« En bonifiant l’offre de bornes […] le Québec s’assure de demeurer un leader en Amérique et pourra maintenant passer à la vitesse supérieure », estime-t-il.

Dans un deuxième temps, FLO recevra une subvention de 6 millions émanant du Plan pour économie verte 2030 afin de financer un projet dont la facture frôle les 25 millions.

Anciennement connue sous le nom d’AddÉnergie, l’entreprise a déjà été soutenue financièrement par Investissement Québec – le bras financier de l’État québécois – et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans le passé.

« L’annonce nous permettra d’accélérer le développement de nouvelles solutions de recharge fiables et de faire rayonner le génie québécois partout en Amérique du Nord », a souligné Louis Tremblay, président et chef de la direction de FLO.

Cette génération de nouvelles bornes rapides de grande puissance (120 kW à 320 kW) devrait en principe permettre à la compagnie québécois de « répondre à la demande croissante des marchés canadiens et américains », fait-elle valoir.

Fondée en 2009, FLO compte créer un total de 25 emplois pour réaliser ce nouveau projet. « Notre gouvernement s’est engagé à mener la transition énergétique et à développer les secteurs stratégiques du Québec, affirme le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Aujourd’hui, c’est exactement ce qu’on vient faire en soutenant une entreprise québécoise en pleine croissance qui produit des bornes de recharge électrique performantes, fiables et appréciées. »

Bien reçu, mais…

Si l’annonce est saluée dans le milieu, des experts soulèvent toutefois certains doutes. La titulaire de la Chaire mobilité à Polytechnique Montréal, Catherine Morency, se dit par exemple « ambigüe ». « C’est bien qu’on veuille électrifier en soi, mais en même temps, c’est très important qu’on ne sacrifie pas nos bords de rue à mettre des bornes de recharge », soutient l’experte, qui était aussi sur place lundi.

« Le signal qu’on envoie, quelque part, c’est de dire : toi tu es assez riche pour acheter une voiture électrique, donc on va te donner ce bord de rue au lieu de le donner à une autre clientèle », poursuit Mme Morency.

Elle s’inquiète aussi que la multiplication des bornes de recharge dans les rues « empêche la gestion dynamique des voies ». « Le stationnement, on peut toujours le moduler, l’enlever, le retirer, selon nos besoins et nos priorités. Une borne de recharge, c’est beaucoup plus lourd. On vient ainsi déterminer un usage pour 15 ou 20 ans », soutient la professeure.

À ses yeux, l’idéal sera d’installer des bornes de recharge « dans des stationnements hors-rue », en mettant sur pied des « hubs de recharge » qui n’empiètent pas sur l’espace public, surtout en milieu urbain. « Il faut aussi garder en tête que la première chose qu’on doit faire, c’est réduire le nombre d’autos. Ce message-là devrait toujours être plus clairement dit », conclut Mme Morency à ce sujet.