L’industrie aéronautique a besoin de batteries si elle veut prendre le virage électrique. L’entreprise suisse H55 comblera ce besoin dès l’an prochain en implantant une usine de blocs-batteries en banlieue sud de Montréal afin d’approvisionner des acteurs de l’industrie bien connus comme Pratt & Whitney Canada ainsi que CAE.

Cofondée par André Borschberg — détenteur du record du monde pour le plus long vol en solitaire sans ravitaillement avec un avion sans carburant à bord de Solar Impulse —, la jeune pousse confirmera son implantation en sol québécois ce mercredi. Elle est appuyée à hauteur de 10 millions par le gouvernement Trudeau, qui consent un prêt sans intérêt.

« On vise la conversion des avions existants pour le moment parce que c’est plus rapide, explique M. Borschberg, en entrevue avec La Presse. Nous sommes en train de développer notre site à Saint-Hubert. On l’annoncera plus tard cette année. Mais nous voulons produire les premiers blocs-batteries en 2024. »

H55 a déjà noué des partenariats avec Pratt & Whitney Canada pour lui fournir les systèmes de batteries pour la réalisation d’un moteur hybride électrique qui doit propulser un avion à hélices Dash 8 construit par De Havilland Canada. L’entreprise est aussi un fournisseur du partenariat formé par CAE et Piper pour développer une trousse de conversion électrique destinée au modèle Archer de l’avionneur américain. Finalement, elle collabore avec Harbour Air afin d’électrifier ses appareils Beaver.

L’objectif de la société établie à Sion : livrer des blocs-batteries à ses clients canadiens en 2024 pour ensuite mettre sur pied un site de production automatisé d’ici 2026, explique M. Borschberg. Sans chiffrer l’ampleur des investissements à réaliser dans le projet qui doit se décliner en plusieurs phases, l’homme d’affaires affirme que la facture sera de « plusieurs dizaines » de millions de dollars.

H55 discute aussi avec Investissement Québec, bras financier de l’État québécois. En janvier dernier, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, avait visité les installations de l’entreprise en Suisse après sa participation au Forum économique mondial de Davos.

Première étape

Bon an, mal an, le secteur du transport aérien représente environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Les vols transatlantiques dans un avion 100 % électrique ne sont pas pour demain, mais l’électrification est néanmoins en marche dans la « petite aviation », affirme le cofondateur de H55.

« C’est ce que nous faisons avec la conversion des appareils existants, dit M. Borschberg. On est en train de démarrer la prochaine étape avec la transformation et le développement de l’aviation régionale. On parle de vols qui peuvent aller jusqu’à 2000 kilomètres avec des avions qui peuvent avoir jusqu’à 80 places. Le moteur hybride que développe Pratt & Whitney Canada sert à cela. »

Si Ottawa a décidé de donner le feu vert à un prêt de 10 millions, c’est parce que l’entreprise suisse propose une technologie qui doit permettre d’améliorer l’empreinte environnementale du secteur aérien.

« Il y a la question de l’amélioration de la productivité, de la commercialisation des nouvelles technologies et de l’intégration des fournisseurs dans la chaîne d’approvisionnement, souligne la ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Pascale St-Onge. Le projet cadre dans les objectifs du gouvernement. »

H55 s’est déjà tournée vers le Québec pour bonifier son équipe de direction. Martin Larose, qui a passé les six dernières années chez le constructeur d’autocars Nova Bus — où il occupait le poste de président depuis l’automne 2021 —, a quitté ses fonctions pour devenir chef de la direction de la société suisse. Il est en poste depuis le 1er mars dernier.

En savoir plus
  • 2017
    Année de fondation de H55
    Source : h55