(Pékin) L’homme d’affaires chinois Bao Fan, très en vue dans le monde de la tech dans son pays, est porté disparu, a annoncé sans d’autres explications son groupe, dont l’action a dévissé vendredi à Hong Kong.

Bao Fan, 52 ans, est le fondateur de China Renaissance, une importante banque d’affaires privée chinoise, spécialisée dans les investissements dans la tech.  

Le groupe a supervisé notamment l’entrée en Bourse de plusieurs géants du numérique, dont le spécialiste du cybercommerce JD.com. Il est aussi à l’origine d’une fusion en 2015 entre le champion local du VTC, Didi, et un concurrent de l’époque, Kuaidi Dache.

China Renaissance « n’est pas en mesure de contacter (son PDG) Bao Fan », a indiqué tard jeudi l’entreprise, sans autres explications.

Selon le média économique Caixin, Bao Fan est injoignable depuis le début de la semaine.

Vendredi, l’action China Renaissance a perdu plus de 30 % en séance à la Bourse de Hong Kong, où le groupe est coté, avant de clôturer en repli de plus de 28 %.

« L’indisponibilité » de M. Bao ne semble « pas liée à l’activité et/ou aux opérations de la société, qui se poursuivent normalement », estime China Renaissance dans un communiqué.

Contacté par l’AFP, le groupe n’a fait aucun commentaire.

Une absence prolongée du patron de China Renaissance « pourrait avoir des répercussions à long terme sur le titre, car M. Bao est l’homme clé de l’entreprise », relève Willer Chen, analyste pour le courtier Forsyth Barr cité par l’agence Bloomberg.

Cette disparition rappelle celle du magnat canadien d’origine chinoise, Xiao Jianhua, qui s’était volatilisé en 2017 d’un hôtel à Hong Kong.

« Pas au courant »

Réputé proche des hauts dirigeants communistes chinois, il avait selon des informations de presse été enlevé par des agents de Pékin.

M. Xiao était à l’époque de son arrestation l’un des hommes les plus riches de Chine, avec une fortune estimée à 6 milliards de dollars.

L’ex-homme d’affaires a finalement été condamné l’an dernier à 13 ans de prison pour fraude.

Selon Caixin, les autorités chinoises ont placé en détention en septembre dernier le président de China Renaissance, Cong Lin, après l’ouverture d’une enquête sur son travail quand il était à la banque d’État ICBC.

La disparition de M. Bao fait redouter une nouvelle campagne de reprise en main du secteur financier chinois, alors que le président Xi Jinping poursuit sa croisade de longue date contre la corruption.

Interrogé lors d’un point de presse régulier, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a affirmé vendredi n’être « pas au courant de cette information ».

« Mais je peux vous dire que la Chine est un pays où règne l’État de droit », a-t-il souligné, et « le gouvernement chinois protège les droits légitimes de ses citoyens, conformément à la loi ».

Fondé en 2005, China Renaissance, qui revendique plus de 700 employés à travers le monde, est présent à Singapour et aux États-Unis.