(New York) Un chiffre d’inflation plus haut qu’attendu et quelques mauvais indicateurs macroéconomiques ont poussé dans le rouge la Bourse de New York, qui a terminé en baisse jeudi, avec le spectre d’un resserrement monétaire qui jouerait les prolongations.

Le Dow Jones a reculé de 1,26 %, l’indice NASDAQ a cédé 1,78 % et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 1,38 %.

L’indice des prix à la production (PPI) est ressorti en hausse de 0,7 % en janvier sur un mois, au plus haut niveau depuis juin et sensiblement au-dessus des prévisions des économistes (+0,4 %).

« La Fed (banque centrale américaine) verra dans ce chiffre la confirmation que l’inflation va rester obstinément élevée cette année », a commenté Bill Adams, de Comerica Bank.

Après avoir anticipé un pic possible pour le taux de la Fed en mars, puis en juin, les opérateurs privilégient une poursuite du resserrement jusqu’en juillet avec, au minimum, trois relèvements d’un quart de point de pourcentage.

« La Fed va devoir y aller plus fort et c’est ce qui pousse les marchés à la baisse », a commenté Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.

Le marché obligataire a lui aussi réagi, le rendement des emprunts d’État américains grimpant à 3,86 %, son plus haut niveau depuis le début de l’année.

Le taux à 3 mois, qui rend mieux compte des anticipations en matière de politique monétaire à court terme, a atteint 4,79 %, pour la première fois depuis plus de 15 ans.

Un nombre croissant d’investisseurs estiment que la correction qui s’est faite sur le marché obligataire ces dernières semaines devra également intervenir, tôt ou tard, sur le marché actions.

« On va probablement avoir un reflux, à mesure que l’optimisme (observé depuis le début de l’année) se modère », prévient Angelo Kourkafas.

La place new-yorkaise a aussi été échaudée par la chute de l’activité manufacturière dans la région de Philadelphie, tombée à -24,3 points en février contre -8,9 points en janvier.

À la cote, Tesla a dérapé en fin de séance (-5,69 %) après l’annonce du rappel de plus de 360 000 véhicules de la marque, qui vont devoir en passer par une mise à jour du logiciel d’aide à la conduite FSD, après qu’un régulateur a signalé des dysfonctionnements susceptibles de provoquer des accidents.

Derrière le constructeur de véhicules électriques, c’est tout le secteur technologique qui a hoqueté, sur fond de hausses des taux. Amazon (-2,98 %), Microsoft (-2,66 %) ou Meta (-2,66 %) ont tous glissé.

Le spécialiste des infrastructures informatiques Cisco a été un des rares à s’en sortir (+5,24 %), grâce à des résultats plus élevés que prévu et un relèvement de ses prévisions pour l’ensemble de son exercice décalé (août à juillet) 2023.

Lockheed Martin (-1,93 %) et Raytheon (-0,48 %) ont reculé, après la décision des autorités chinoises de placer les deux groupes d’aéronautique et de défense sur la liste des « entités non fiables », ce qui leur interdit tout commerce avec la Chine.  

Le club de Manchester United (+9,73 %), coté à New York, a décollé grâce à des informations de presse selon lesquelles des investisseurs qataris ont formulé une offre, qui pourrait être officialisée vendredi, pour racheter cette institution du football anglais.

La plateforme de commerce électronique Shopify a dégringolé (-15,88 %), sanctionnée pour des prévisions jugées décevantes pour le trimestre en cours, qui prennent en compte la décélération du commerce électronique en sortie de pandémie et des dépenses des consommateurs du fait de l’incertitude macroéconomique.

Le groupe de médias Paramount a dévissé (-4,24 %) après la publication de résultats inférieurs aux attentes, marqués par une baisse des revenus publicitaires sur les chaînes traditionnelles de Paramount, ainsi qu’un recul des ventes de programme sous licence.

Le spécialiste des sabots en plastique Crocs a bondi (+4,40 %), soutenu par des résultats supérieurs aux attentes pour le quatrième trimestre, tirés notamment par la marque de chaussures de loisirs Heydude, rachetée début 2022.