Les craintes de récession n’ont pas refroidi les ardeurs des consommateurs, ce qui permet à Transat A.T. d’amorcer la saison hivernale du bon pied. Mais le voyagiste n’est pas encore tiré d’affaire, puisqu’il devra continuer à puiser dans ses réserves pour passer au travers d’une « année de transition ».

Si la société mère d’Air Transat est toujours dans le rouge, le portrait s’améliore lentement. La cadence des réservations est actuellement équivalente – et parfois même supérieure – à ce qui était observé à la même période en 2019, avant l’apparition de la COVID-19.

L’entreprise québécoise n’a toutefois pas encore tourné la page sur la crise sanitaire. Après avoir brûlé mensuellement environ 20 millions pendant l’exercice qui s’est terminé le 31 octobre, les coffres du voyagiste seront encore sollicités en 2023, même si les sommes qui doivent être retirées sont appelées à diminuer.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Annick Guérard, présidente et cheffe de la direction de Transat A.T.

« Bien que loin d’être idéale, la situation financière de Transat A.T. s’est stabilisée », a souligné sa présidente et cheffe de la direction, Annick Guérard, jeudi, à l’occasion d’une conférence téléphonique destinée à discuter des résultats du quatrième trimestre, où l’entreprise a dépassé les attentes des analystes.

L’entreprise établie à Montréal avait accès à 423 millions à la fin d’octobre.

À l’instar des autres compagnies aériennes, elle a emprunté auprès du gouvernement fédéral. Cela a fait bondir sa dette nette, qui atteignait 1,6 milliard au 31 octobre dernier. Dans son rapport annuel, Transat A.T. rappelle qu’il existe toujours des « incertitudes significatives » sur sa capacité à « poursuivre ses activités ».

D’autres indicateurs sont plus encourageants. Pour la saison hivernale, le revenu par passager-mille est d’environ 15 % plus élevé qu’à l’hiver 2019. À la fin du quatrième trimestre, les dépôts des clients atteignaient 603 millions, soit 7 % de plus qu’avant la pandémie.

« Les consommateurs sont prêts à payer davantage pour voyager, croit Mme Guérard. La dépense voyage est prioritaire pour eux, même dans un contexte de ralentissement économique et d’inflation. »

Pas tout de suite

Cependant, les investisseurs devront s’armer de patience. Il faudra probablement attendre jusqu’en 2024 avant de voir Transat A.T. dégager des liquidités, a rappelé son chef de la direction financière, Patrick Bui.

L’année 2023 en est une de transition. Notre objectif est d’être aussi près que possible de l’équilibre.

Patrick Bui, chef de la direction financière de Transat A.T., aux analystes

Transat A.T. s’attend à ce que sa marge d’exploitation ajustée varie entre 4 % et 6 % l’an prochain. Au cours de la dernière décennie, la moyenne a oscillé aux alentours de 7 %, a souligné M. Bui. La société a encore du pain sur la planche, a-t-il reconnu.

Selon les données compilées par la firme Refinitiv, le déficit de trésorerie du voyagiste s’élevait à 210,4 millions en 2022. Il devrait être négatif de 7 millions l’an prochain. En comparaison, Air Canada, dont les activités vont au-delà du voyage d’agrément, devrait dégager un excédent de 675 millions cette année, prévoit Refinitiv.

Pour sa part, le groupe Sunwing, établi à Toronto, a renoué avec la rentabilité au cours de son année financière terminée le 30 septembre dernier. Selon le rapport annuel du géant européen TUI, qui détient 49 % de Sunwing, la compagnie a généré un excédent de 10 millions CAN (7 millions d’euros), après avoir perdu 215 millions en 2021.

« L’ampleur de la dette de l’entreprise demeure un élément préoccupant », estime l’analyste Kevin Chiang, de Marchés mondiaux CIBC, dans une note envoyée à ses clients.

Transat A.T. a dépassé les attentes des analystes au quatrième trimestre au chapitre des revenus et parce qu’elle a perdu moins d’argent que ce qui était anticipé. Jeudi après-midi, à la Bourse de Toronto, l’action de l’entreprise prenait 2,88 %, ou 9 cents, pour coter à 3,22 $.

Signe que les choses se replacent dans l’industrie, le voyagiste s’attend à déployer, en 2023, une capacité équivalente à 90 % de ce qu’elle était avant la pandémie. L’entreprise a établi cet objectif en s’inspirant des prévisions de l’Association du transport aérien international (IATA), qui représente quelque 300 compagnies aériennes du monde.

En savoir plus
  • 4035 employés
    Effectif de Transat A.T. et de ses filiales au 31 octobre dernier
    SOURCE : Transat A.T.