(Toronto) Les mises à pied mondiales orchestrées par le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, ont frappé le bureau canadien de l’entreprise, ses deux plus hauts dirigeants ayant annoncé qu’ils faisaient partie des coupes.

Paul Burns, directeur général des activités canadiennes de l’entreprise, et Michele Austin, directrice des politiques publiques de Twitter pour les États-Unis et le Canada, ont annoncé vendredi leur départ du géant de la technologie établi à San Francisco dans des messages sur les réseaux sociaux.

« Les dernières 4,5 années ont été folles », a écrit M. Burns sur Twitter.

« Aux personnes, amis, partenaires et (utilisateurs) qui ont rendu cet endroit si spécial, merci pour toutes les aventures. Je vous aime tous tellement. »

Burns s’est joint à l’entreprise en 2018, occupant le poste le plus élevé de Twitter au Canada. Ces dernières années, il a supervisé la création du premier centre d’ingénierie canadien de l’entreprise.

Mme Austin travaillait chez Twitter depuis aussi longtemps et a occupé un rôle de premier plan qui l’a vue représenter l’entreprise devant les comités gouvernementaux et aider à façonner les politiques électorales.

Austin a eu le « cœur brisé » de devoir annoncer sa mise à pied.

« Cette course de cinq ans a été la meilleure, la plus folle et la plus gratifiante de ma carrière », a-t-elle écrit sur LinkedIn.

« J’ai adoré chaque minute. »

Les mises à pied avaient été annoncées dans une lettre aux employés, obtenue par plusieurs médias, qui stipulait que les coupes auraient lieu vendredi « pour assurer le succès de l’entreprise à l’avenir ».

La lettre précisait que tous les employés recevraient un courriel vendredi. Ceux qui conserveraient leur emploi trouveraient la missive dans leur boîte de réception professionnelle et ceux appelés à partir recevraient des messages dans leur boîte de courriels personnels.

Peu après l’annonce des licenciements, des employés de Twitter se sont exprimés sur le réseau social pour annoncer la suppression de leur poste, parfois à l’aide des hashtags #LoveWhereYouWork (Aime ton lieu de travail) et #OneTeam (Une seule équipe).

Tous les bureaux de Twitter resteront fermés pendant que les coupes sont effectuées et le personnel a été invité à rester à la maison, ajoute la note. Il a également été rappelé aux travailleurs de ne pas partager d’informations confidentielles sur l’entreprise sur les réseaux sociaux, avec les médias ou ailleurs.

« Nous reconnaissons qu’il s’agit d’une expérience incroyablement difficile à vivre, que vous soyez touché ou non », indique la note.

« Nous vous sommes reconnaissants de vos contributions à Twitter et de votre patience alors que nous avançons dans ce processus. »

« Environ 50 % du personnel va être affecté » par les licenciements en cours chez Twitter, d’après un document envoyé aux employés du réseau social qui ont été remerciés vendredi, et consulté par l’AFP.

Racheté par Elon Musk la semaine dernière, l’entreprise californienne, qui comptait près de 7500 salariés fin octobre, a entamé une vague de licenciements au niveau mondial et annoncé la fermeture temporaire de ses bureaux.

L’entreprise a fait son entrée sur le marché canadien en 2013, lorsqu’elle a annoncé l’ouverture d’un bureau à Toronto dirigé par Kirstine Stewart, une ancienne dirigeante de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC).

« N’importe quoi ! »

Pour financer son rachat à 44 milliards de dollars, le tempétueux milliardaire a lourdement endetté la société dont la santé financière était déjà fragile puisqu’elle a enregistré un déficit important aux deux premiers trimestres de l’année.

M. Musk a ainsi contracté des emprunts d’un montant de 13 milliards de dollars, qui vont devoir être remboursés par Twitter et non par le patron de Tesla.

Il a également cédé pour environ 15,5 milliards de dollars de ses actions du constructeur de voitures électriques en deux vagues, en avril et en août, et adossé des prêts d’une valeur de 12,5 milliards de dollars à ses titres Tesla.

Vendredi, M. Musk a imputé la chute des revenus de Twitter à « un groupe de militants ayant fait pression sur les annonceurs alors même que rien n’a changé avec la modération des contenus et que nous avons tout fait pour apaiser les militants ».

« C’est vraiment n’importe quoi ! Ils essaient de détruire la liberté d’expression en Amérique », a ajouté le bouillonnant quinquagénaire.

M. Musk doit en effet faire face à l’inquiétude de nombreux annonceurs, qui s’interrogent sur les risques d’un assouplissement de la modération des contenus et d’une plus grande place accordée à des discours haineux ou violents.

Plusieurs groupes ont déjà décidé de suspendre leurs dépenses publicitaires sur Twitter, dont le géant américain de l’agro-industrie General Mills, le constructeur automobile américain General Motors et son concurrent allemand Volkswagen.

L’une des principales idées avancées par M. Musk depuis son acquisition est la mise en place d’un abonnement à 8 dollars par mois permettant aux utilisateurs de faire certifier leur compte, d’être moins exposés à de la publicité et de bénéficier de divers avantages.

Ce projet suscite toutefois de nombreuses critiques et de la circonspection, notamment parmi les usagers bénéficiant déjà d’un compte authentifié.