La demande d’électricité sur le marché québécois augmente encore plus rapidement que ce qu’Hydro-Québec prévoyait l’an dernier. Pour satisfaire le marché québécois, d’autres approvisionnements, en plus de tous ceux déjà prévus ou annoncés, sont nécessaires d’ici dix ans.

Le nouveau plan d’approvisionnement qui vient d’être déposé par Hydro-Québec à la Régie de l’énergie fait état d’un bilan énergétique encore plus serré que celui établi à pareille date l’an dernier. Il confirme aussi que les surplus seront épuisés en 2026.

La croissance de la demande d’électricité s’accélère. Hydro-Québec prévoyait l’an dernier une augmentation des besoins du marché québécois de 20 térawattheures pour les 10 prochaines années. L’augmentation de la demande est maintenant estimée à 25 térawattheures d’ici 2032, dont 21 térawattheures sont liés à la transition énergétique, qui sera au centre des discussions du nouveau comité présidé par le premier ministre Legault pour faire l’arbitrage entre les demandes industrielles et l’énergie disponible.

La croissance additionnelle des besoins par rapport à l’an dernier provient donc surtout de la conversion du chauffage et des procédés industriels, et ce qu’Hydro-Québec appelle les secteurs en émergence, comme les centres de données, l’hydrogène vert et les véhicules électriques.

Aucun projet d’investissement précis n’est nommé dans le plan d’approvisionnement, un exercice qu’Hydro-Québec fait tous les trois ans.

Les besoins additionnels du Québec en électricité sont estimés à 100 térawattheures d’ici 2050. Mais d’ici 10 ans, ce sont 25 térawattheures qui seront nécessaires. Les appels d’offres en cours, ceux qui sont prévus et toutes les autres mesures annoncées, comme l’efficacité énergétique, ne suffiront pas. Il faudra trouver entre 7 et 8 térawattheures supplémentaires, soit 1400 mégawatts.

D’autres appels d’offres pour de la nouvelle production de toute sorte, qui n’exclut pas de nouveaux ouvrages hydroélectriques, sont donc au programme.

Fin des cryptomonnaies

Pour pouvoir disposer d’une plus grande marge de manœuvre, Hydro-Québec cessera d’approvisionner le secteur énergivore des cryptomonnaies. Elle demande officiellement à la Régie de l’énergie de suspendre l’attribution d’un bloc de 270 mégawatts déjà prévu pour ces activités, afin de pouvoir le réallouer ailleurs. Le ministre responsable de la société d’État, Pierre Fitzgibbon, a fait savoir qu’un décret demandera à la Régie de libérer Hydro-Québec de cette obligation.

Les besoins supplémentaires de 1400 mégawatts s’ajoutent à l’augmentation de production déjà prévue, soit les deux appels d’offres en cours pour de l’énergie éolienne (480 mégawatts) et de l’énergie renouvelable (300 mégawatts). Ils s’ajoutent aussi aux 2300 mégawatts (1000 mégawatts d’éolien et 1300 mégawatts d’énergie renouvelable) annoncés au printemps en Gaspésie par le premier ministre François Legault.

Au total, ces appels d’offres fourniront 16 des 25 térawattheures de l’énergie nécessaire pour répondre aux besoins du marché québécois, constate maintenant Hydro-Québec.

La société d’État, de son côté, prendra des moyens pour réduire les besoins d’énergie additionnelle en ajoutant 2000 mégawatts de puissance dans ses centrales existantes. Elle confirme aussi qu’elle travaille à la mise à jour du potentiel hydroélectrique du Québec.

En campagne électorale, le premier ministre Legault a fait part de son intention de construire de nouveaux barrages et de nouvelles centrales hydroélectriques pour assurer la sécurité énergétique du Québec.

Hilo reste au menu

L’objectif d’efficacité énergétique pour réduire les besoins à satisfaire a été augmenté de 8 à 8,9 térawattheures. Hydro-Québec mise sur ses programmes d’aide financière pour la clientèle résidentielle pour l’achat de thermopompes efficaces et pour la clientèle d’affaires pour optimiser la consommation d’énergie.

PHOTO FRANCOIS ROY, LA PRESSE

Sébastien Fournier, ancien PDG de Hilo

Malgré des ratés qui se sont traduits par le départ de son PDG Sébastien Fournier, Hilo fait encore partie du plan d’Hydro-Québec pour réduire la consommation en période de pointe hivernale.

Avec les autres programmes de gestion de la demande comme la tarification dynamique, l’entreprise pense pouvoir effacer l’équivalent de la production de la centrale LG-4, soit 3000 mégawatts, d’ici dix ans.

La contribution de l’énergie solaire aux besoins énergétiques du Québec est en augmentation, mais elle reste marginale, à 0,7 térawattheure. Hydro-Québec estime que seulement 700 de ses clients ont des panneaux solaires.

Aucun scénario de ralentissement économique ou de récession n’est intégré dans le plan d’approvisionnement 2023-2032. Le plan fait toutefois l’objet d’une mise à jour annuelle pendant les trois années où il sera en vigueur.