Il reste toujours un acteur à trouver dans la filière québécoise des batteries et ce n’est pas Britishvolt qui jouera ce rôle. L’entreprise britannique enterre son projet québécois et son antenne canadienne n’est plus dirigée par l’ex-premier ministre Philippe Couillard. Celui-ci estime que le Québec reste intéressant pour les celluliers – responsables de la dernière étape avant l’assemblage des batteries pour véhicules électriques.

M. Couillard a confirmé, mardi, ce qui semblait inévitable : l’entreprise, qui lutte pour sa survie, met de côté ses ambitions québécoises. Sans préciser la date de son départ, ce dernier affirme qu’il est survenu il y a « quelques jours ».

« Ma motivation était de participer à un projet au Québec, a dit l’ancien premier ministre libéral, en entrevue téléphonique avec La Presse. À partir du moment où il n’y a plus de projet au Québec, ma motivation n’est plus là. Les facteurs d’attractivité du Québec sont toujours là. »

Britishvolt, qui n’a toujours pas généré de revenus, dit avoir décidé d’élargir ses horizons à l’échelle de l’Amérique du Nord depuis l’adoption de l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis. Cette loi prévoit notamment des milliards en subventions et crédits d’impôt pour les acteurs de la filière des batteries, comme les celluliers.

Il est toutefois difficile de savoir comment la jeune pousse s’y prendra pour s’implanter de ce côté-ci de l’Atlantique au moment où son avenir semble très nébuleux. Selon la BBC, l’entreprise fondée il y a trois ans aurait évité l’effondrement de justesse en obtenant du financement supplémentaire.

Il n’était toutefois pas possible de connaître l’identité des prêteurs, selon le radiodiffuseur public britannique. Son projet d’usine de cellules au Royaume-Uni est aux prises avec des retards et une explosion des coûts. Sa faisabilité paraît incertaine.

Britishvolt sollicitait l’appui de Québec et d’Ottawa afin de financer son usine québécoise, un projet estimé à des centaines de millions de dollars et qui avait été évoqué à l’automne 2021. Personne n’a été étonné de la tournure des évènements au sein du gouvernement Legault ainsi que chez Hydro-Québec puisqu’il n’y avait pas eu d’avancée ces derniers mois.

Consultez l’article « Deux projets d’usines de cellules au point mort »

Une bonne stratégie

M. Couillard insiste : l’échec québécois de Britishvolt n’est pas imputable à la stratégie mise sur pied par le gouvernement Legault. Celle-ci a été « très bien montée, de façon méthodique et bien déployée », affirme l’ex-premier ministre. Les représentants du ministère de l’Économie et de l’Innovation ainsi qu’Investissement Québec (IQ) – le bras financier de l’État québécois — « ont été à l’écoute » et ils ont « bien géré les risques pour les contribuables », a-t-il ajouté.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

L’ex-premier ministre Philippe Couillard dirigeait l’antenne canadienne de Britishvolt.

C’est certain que le maillon manquant est le constructeur de cellules. Je suis assez convaincu qu’un autre candidat va se manifester, si ce n’est pas déjà fait. Je pense qu’il faut miser sur la stratégie actuelle pour attirer des entreprises.

Philippe Couillard

On semble déjà s’être tourné vers d’autres options à Québec.

« Nous sommes en discussion avec des celluliers pour desservir le marché québécois et même nord-américain », a indiqué Mathieu St-Amand, l’attaché de presse du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

Ce dernier n’est toutefois pas allé plus loin.

Malgré ses démarches québécoises, Britishvolt n’était toujours pas propriétaire du terrain qu’elle convoitait dans le parc industriel et portuaire de Bécancour, l’endroit privilégié par le gouvernement Legault pour développer la filière batterie.

La stratégie gouvernementale table sur des projets à toutes les étapes de la chaîne, soit l’extraction des ressources comme le graphite et le spodumène de lithium, la transformation de matière en composants de qualité batterie, la fabrication d’anodes et de cathodes (principal élément d’une batterie), l’assemblage de cellules et la fabrication des modules de batteries.

Il y a eu des annonces à toutes les étapes. Britishvolt aurait pu être le chaînon manquant.

Cette dernière n’était pas la seule à éprouver des problèmes. StromVolt, une autre entreprise en démarrage, n’est plus en mesure de réaliser l’usine de cellules de 200 à 300 millions présentée à l’automne 2021. La jeune pousse avait vu son partenariat avec Delta Electronics, qui devait offrir les droits sur sa technologie et son expertise, prendre fin.

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    C’est le nombre d’étapes dans la chaîne des batteries entre l’exploration et le recyclage.
    Source : gouvernement du Québec