L’objectif du gouvernement Legault d’attirer des entreprises à chacune des étapes de la filière batterie se complexifie : Britishvolt et StromVolt, qui font miroiter depuis l’an dernier des projets d’usines de cellules pour les batteries de véhicules électriques, ne semblent plus en mesure de les concrétiser.

Si les annonces ont été nombreuses depuis le printemps, il faudra vraisemblablement patienter avant de savoir si le Québec finira par accueillir un cellulier – responsable de la dernière étape dans la chaîne avant l’assemblage des batteries.

Britishvolt et StromVolt – qui sollicitent l’aide financière des gouvernements Legault et Trudeau – sont aux prises avec des problèmes différents. La première est financièrement fragilisée tandis que la seconde a perdu son partenaire Delta Electronics, qui devait lui fournir les droits sur sa technologie et son expertise.

Incertitude grandissante

L’avenir de Britishvolt semble même compromis trois ans seulement après sa création. Après avoir repoussé l’échéancier de son complexe initial au Royaume-Uni en août dernier à cause d’une flambée des coûts de construction, l’entreprise britannique envisagerait maintenant de vendre son gigantesque terrain (93 hectares) dans le nord du pays, selon Bloomberg.

D’après l’agence américaine, InoBat figurerait parmi les acquéreurs potentiels. Cette entreprise slovaque étudierait différentes options, notamment un regroupement avec Britishvolt ou une prise de contrôle, afin de mettre la main sur le site. Les chances de voir Britishvolt débarquer au Québec semblent de plus en plus minces et l’entreprise perd des plumes auprès de l’État québécois.

« [La crédibilité du] projet [de Britishvolt] en a pris un coup », explique à La Presse une source gouvernementale qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. « Il y avait de sérieux enjeux avec l’entreprise à propos de son financement et de ses clients. »

Britishvolt n’est toujours pas propriétaire du terrain qui l’intéresse dans le parc industriel et portuaire de Bécancour – l’endroit privilégié par le gouvernement Legault pour développer la filière batterie.

De plus, selon les informations recueillies par La Presse, Hydro-Québec n’a même pas évalué en détail le projet québécois de Britishvolt, qui serait très énergivore. Puisque l’ère des surplus est terminée, la société d’État est plus sélective lorsqu’il s’agit d’attribuer des volumes d’hydroélectricité.

« Ça n’apparaît pas comme un projet prioritaire à Québec », souligne une autre source gouvernementale à La Presse.

Plus de partenaire

En ce qui a trait à StromVolt, établie en Ontario et dirigée par l’entrepreneur québécois Maxime Vidricaire, son projet d’usine semble en suspens depuis avril dernier. Dans un communiqué passé inaperçu, Delta Electronics, un fabricant de produits électroniques établi à Taiwan dont les revenus annuels sont d’environ 10 milliards US, avait annoncé la fin de son entente avec StromVolt.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR STROMVOLT, ARCHIVES

L’usine envisagée par StromVolt au Québec

« La raison : les conditions générales n’ont pas été remplies, peut-on lire. Les deux parties ont mutuellement convenu de mettre fin à cet accord. »

Ce projet d’usine présenté à l’automne 2021 oscillait entre 200 et 300 millions. La compagnie était ouverte à la possibilité de s’établir ailleurs qu’à Bécancour. Il ne nous a pas été possible de nous entretenir avec M. Vidricaire, jeudi, afin d’avoir plus de détails. Dans une déclaration envoyée à La Presse, celui-ci a indiqué que le « projet de StromVolt n’est pas abandonné » et qu’il était « en attente des bons partenaires ».

« Il se peut que cela prenne encore du temps avant de le voir se concrétiser », a souligné M. Vidricaire.

La stratégie du gouvernement Legault vise à attirer des projets à toutes les étapes de la filière batterie, soit l’extraction des ressources comme le graphite et le spodumène de lithium, la transformation de matière en composants de qualité batterie, la fabrication d’anodes et de cathodes (principal élément d’une batterie), l’assemblage de cellules et la fabrication des modules de batteries.

Des projets ont été annoncés à presque toutes les étapes. Québec souhaite convaincre un cellulier de s’établir au Québec pour combler le créer manquant. Les projets de Britishvolt et de StromVolt auraient pu jouer ce rôle.

De l’exploration jusqu’au recyclage, Québec estime qu’il y a neuf étapes dans la chaîne des batteries.

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    Année où il sera interdit de vendre des véhicules neufs à essence au Canada
    Source : gouvernement du Canada