(Montréal) Produits forestiers Résolu va demeurer un joueur important au Québec, même si elle passe aux mains de Groupe Papier Excellence, basée en Colombie-Britannique, assure le président et chef de la direction de la société montréalaise, Rémi G. Lalonde.

L’acquéreur a pris l’engagement que Résolu continuera d’exercer ses activités sous la même dénomination et l’équipe de direction de Résolu demeurera au siège social de Montréal, souligne M. Lalonde, en entrevue.

« Papier Excellence a pris l’engagement que Montréal deviendrait un carrefour important de ses opérations en Amérique du Nord, dit le dirigeant. Je pense que c’est une nouvelle qui reconnaît la compétence des gens à Montréal, le talent qui est disponible et le rôle que le Québec peut jouer dans l’économie mondiale en lui donnant une place avec une entreprise qui va être plus grosse, plus concurrentielle pour le futur. »

En tant que filiale, Résolu continuerait ses opérations dans « le cours normal de ses activités », précise le dirigeant. « On ne parle pas de fermeture d’usine ou de compression de postes. Il va peut-être y avoir dans le temps quelques synergies ici et là, mais je soulignerais qu’aujourd’hui au siège social, sur les 450 employés, on a peut-être une trentaine de postes vacants. L’idée, c’est de maintenir les emplois actuels et de préserver les opérations de nos usines. »

Résolu a annoncé, mercredi, qu’elle avait accepté une offre d’acquisition de 2,7 milliards US de la part de Papier Excellence. Résolu deviendra une filiale du Groupe Domtar, qui est passé, lui aussi, dans le giron de l’entreprise britanno-colombienne l’an dernier. La transaction est conditionnelle à l’appui des actionnaires, qui se prononceront au début de l’automne, et à l’approbation des autorités réglementaires.

Les engagements de Papier Excellence sont importants pour l’industrie forestière québécoise, réagit Luc LeBel, professeur du Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval. « Toutes les fois que les centres décisionnels s’éloignent du Québec, on peut avoir une crainte à savoir si les nouveaux décideurs vont demeurer accessibles. »

M. LeBel estime que Résolu avait la réputation d’être une entreprise « impliquée dans sa communauté » et souligne qu’elle investissait d’importantes sommes dans la recherche et développement. Résolu est d’ailleurs un partenaire de l’Université Laval « depuis longtemps ». « C’était une philosophie d’entreprise qui, espérons-le, se poursuivra. »

Malgré l’importance de Résolu au Québec, l’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD, ne pense pas que la transaction aura du mal à obtenir les approbations nécessaires. « Nous ne croyons pas que la concentration du secteur posera un obstacle réglementaire en raison du peu de chevauchement dans la présence géographique des deux entreprises. »

En faisant partie d’une entreprise privée de plus grande taille (Papier Excellence n’est pas cotée en Bourse), Résolu aura accès à davantage de ressources financières pour développer ses activités, affirme pour sa part M. Lalonde.

Il donne en exemple l’usine de papier journal de Résolu à Gatineau. L’entente prévoit la réalisation d’une étude de faisabilité pour la conversion de l’usine vers une usine de production de papier d’emballage.

« C’est un projet de quelques centaines de millions. Comme compagnie publique qui n’est pas dans le secteur du carton, c’est plus difficile de convaincre des investisseurs publics d’investir un 200-300 millions pour un projet comme celui-là. »

Une prime de 64 % pour les actionnaires

Le prix offert est « équitable » pour les actionnaires, croit M. James. L’analyste juge également peu probable qu’une offre concurrente se manifeste.

L’offre de 20,50 $ US par action représente une prime de 64 % par rapport au prix de clôture du 5 juillet sur le titre coté à la Bourse de New York.

L’offre comprend aussi un droit à un paiement ultérieur si Résolu recevait un remboursement sur des dépôts qu’elle a faits dans le cadre du litige sur le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis.

M. James estime que la valeur de ce droit pourrait équivaloir à 3,98 $ US par action, avant impôt, si l’entreprise obtenait un remboursement de 80 % d’ici deux ans. « Il n’y a aucune certitude quant à l’issue et au moment [où le litige sera résolu]. »

L’action gagnait 10,34 $, ou 63,71 %, à 26,57 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto.