(San Francisco) TikTok, qui appartient au groupe chinois Bytedance, va désormais stocker toutes les données sur ses utilisateurs américains sur des serveurs du groupe Oracle, aux États-Unis, une nouvelle tentative pour rassurer les politiques et le public sur ce sujet sensible.

Le communiqué sur le contrat avec Oracle est paru vendredi, le même jour qu’un article de Buzzfeed affirmant que des employés de Bytedance avaient eu accès à de nombreuses reprises à des données non publiques sur des utilisateurs américains de l’application.

TikTok a expliqué à l’AFP que seuls ses ingénieurs avaient pu avoir accès, pas le gouvernement chinois.

Pendant sa dernière année au pouvoir, l’ancien président Donald Trump a régulièrement accusé la plateforme de récolter des données confidentielles et de servir à Pékin pour faire de l’espionnage, car la loi chinoise impose aux entreprises du pays de partager leurs données si le gouvernement leur demande.

Mais TikTok indique n’avoir jamais reçu de telle requête et assure qu’elle n’y aurait pas donné suite.

L’application précise en outre qu’elle travaille à restreindre cet accès, même pour ses ingénieurs, hors du pays concerné.

« Notre but est de minimiser l’accès aux données dans toutes les régions pour faire en sorte que les employés d’Asie-Pacifique, y compris la Chine, n’aient qu’un accès minimal aux données d’Europe et des États-Unis », écrivait Roland Cloutier, responsable de la sécurité des données, fin avril 2020, dans un communiqué.

En réaction à l’article de Buzzfeed, un porte-parole de TikTok a déclaré vendredi : « Nous avons fait venir des experts en sécurité très renommés pour nous aider à renforcer nos efforts en la matière. C’est une pratique standard dans l’industrie étant donné la complexité requise pour assurer la sécurité des données. »

« Aujourd’hui, 100 % des données des usagers américains passent par l’infrastructure Oracle Cloud », avait annoncé l’application plus tôt dans son communiqué.

Le très populaire réseau social stockait déjà ces données aux États-Unis, sur son serveur en Virginie, et aussi à Singapour. Elle va progressivement arrêter de s’en servir.

« Nous savons que nous sommes l’une des plateformes observées de près en termes de sécurité, et nous voulons éliminer tous les doutes sur la sécurité des données d’utilisateurs américains », a précisé Albert Calamug, responsable des affaires publiques américaines de TikTok, cité dans le communiqué.

À l’été 2020, Donald Trump avait essayé, via différents décrets, de prohiber l’application.  

Mais TikTok, une application internationale séparée de la version chinoise (Douyin), n’avait cessé de répéter que les informations récoltées, stockées à Singapour et aux États-Unis, n’étaient en aucun cas partagées avec l’administration chinoise.

En juin 2021, le président Joe Biden avait annoncé la révocation des décrets pris par son prédécesseur pour interdire TikTok et d’autres services appartenant à des entreprises chinoises.

Il avait aussi demandé à son administration d’enquêter pour déterminer les risques réels posés par les applications internet détenues par certaines puissances étrangères.