(Francfort) La justice allemande a perquisitionné mardi à Francfort les locaux de Deutsche Bank et sa filiale de gestion d’actifs DWS visée dans une enquête pour « fraude » sur des investissements « vendus comme plus “verts” et “durables” qu’ils ne l’étaient en réalité », a annoncé le parquet de la ville.

Les perquisitions « sont en lien avec les accusations d'écoblanchiment (greenwashing) qui ont été portées contre DWS », deuxième gestionnaire d’actifs européen, a indiqué un porte-parole de Deutsche Bank à l’AFP.

« Nous avons travaillé de manière continue et approfondie avec tous les régulateurs et autorités concernés sur cette question et nous continuerons à le faire », a de son côté indiqué un porte-parole de DWS à l’AFP.

La justice a, à ce jour, trouvé « des indices que, contrairement à ce qui est indiqué dans les prospectus de vente des fonds » promus comme « durables » gérés par DWS, les critères ESG (pour environnementaux, sociaux et de gouvernance, NDLR) « n’ont pas été pris en compte dans un grand nombre d’investissements », explique le parquet.

Les investissements labellisés ESG sont devenus une classe d’actifs majeure à mesure que le réchauffement climatique devient un sujet de société incontournable.

La procédure allemande vise « des employés et des personnes responsables à ce stade inconnus » de DWS, société cotée dirigée par Asoka Wöhrmann, un pur produit de Deutsche Bank.

L’enquête lancée pour « fraude par prospectus » a pour origine « des informations de presse » se référant notamment aux déclarations d’une lanceuse d’alerte auprès des autorités américaines saisies de l’affaire, précise le parquet de Francfort.

L’alerte avait été donnée auprès du gendarme américain des marchés (SEC) et de la police fédérale américaine (FBI) par l’ancienne responsable du développement durable au sein de DWS, Desiree Fixler, qui a accusé le gestionnaire d’actif d’avoir gonflé la taille de ses investissements répondant à des critères de ESG.

Dans son rapport annuel pour 2020, DWS disait gérer des « portefeuilles totaux avec (une) approche d’intégration (de critères) ESG » d’une valeur de 459 milliards d’euros.

Un règlement européen de mars 2021 a depuis renforcé la transparence sur les produits financiers promouvant les critères ESG.

En conséquence, DWS a révisé son approche en la matière et affiché en juillet de la même année un total de 70 milliards d’euros de produits conformes à la règle européenne.

Le superviseur financier allemand, la Bafin, a participé mardi aux perquisitions, a précisé le parquet.  

L’autorité a joué un rôle d’expert pour assister les policiers, mais n’a pas encore pris à ce jour de mesures contraignantes contre DWS ou sa maison-mère, a appris l’AFP.

Aux États-Unis, Deutsche Bank est surveillée depuis février, et ce pour un an par des contrôleurs du département de la Justice (DOJ), du fait d’avoir tardé à signaler les allégations de Mme Fixler en relation avec le label ESG.

Dans de nombreux pays du monde, les initiatives se multiplient pour combattre le « greenwashing », ou écoblanchiment, soit la promotion exagérée, voire trompeuse, par des entreprises de leurs initiatives en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Dans ce contexte, le gendarme boursier américain SEC a dévoilé la semaine passée une initiative pour renforcer les obligations de transparence des conseillers financiers et gestionnaires d’actifs en matière d’investissements selon des critères durables.