L’innovation : Une plateforme infonuagique basée sur l’intelligence artificielle permettant d’organiser et de prévoir l’entretien des équipements en usine. Le résultat : un temps de fonctionnement des équipements doublé.

Qui ?

Binder, ce sont deux amis de longue date, Gabriel Lalonde-Francœur et Fabrice Latour, qui ont fréquenté ensemble le cégep de Saint-Laurent puis l’École de technologie supérieure entre 2014 et 2020. Les deux ont travaillé en usine, notamment chez Trica à Saint-Jérôme pour Gabriel et chez Rolls-Royce à Montréal pour Fabrice. Forts de leur expérience et de leur formation, ils ont officiellement lancé Binder au début de 2021 ; ils en sont respectivement directeur des opérations et directeur des technologies. Un troisième complice, Charles Freifer, s’est joint au duo en septembre dernier à titre de spécialiste du marketing.

Le produit

Au fil de leurs stages, de leurs lectures et de leurs expériences professionnelles, Gabriel Lalonde-Francœur et Fabrice Latour ont fait un constat étonnant : 50 % des entreprises en Amérique du Nord utilisent de banals fichiers Excel, voire du papier, pour planifier et consigner l’entretien de leurs équipements manufacturiers.

« L’autre problème qu’on a noté, c’est que la personne qui vient prendre la relève part de zéro, précise M. Latour. Pour l’entreprise, c’est une perte de temps énorme. »

L’idée au cœur de Binder est d’établir une base de données des équipements standards qu’on retrouve partout dans la production manufacturière, ces moteurs électriques, vérins et roulements qui nécessitent l’entretien le plus fréquent.

Digérées par l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, ces données permettent ensuite d’établir un horaire d’entretien et de remplacement en fonction de leur utilisation, souvent plus précis et adapté que les recommandations du fabricant. La plateforme comporte également des fonctions de signalement des pannes.

« Notre but est de simplifier la vie des gestionnaires, explique M. Lalonde-Francœur. Le tiers des entreprises consacrent plus de 30 heures par semaine à l’entretien. » « C’est pratiquement un corps de métier au complet, ça revient cher, surtout que la main-d’œuvre est de plus en plus spécialisée », renchérit son cofondateur.

Selon les estimations faites auprès des premiers clients de Binder, notamment dans les installations québécoises du géant américain de la fabrication Swagelok, le temps de fonctionnement des équipements passe de 40 à 80 % avec un tel entretien intelligent.

Les défis

Comme pour le commun des mortels, les entreprises n’ont pas toutes la fibre de l’entretien, préférant parfois simplement remplacer les équipements. « Un de nos gros défis, c’est de ramener la vieille culture de réparer au lieu de remplacer », dit Fabrice Latour.

Pour pouvoir réparer, il faut bien entretenir, rappelle Gabriel Lalonde-Francœur. « On se heurte à des entreprises qui veulent faire de la production et le moins d’entretien possible. En fin de compte, elles perdent de l’argent : il faut prendre le temps d’arrêter la production pour entretenir, trouver le juste milieu. »

L’avenir

La jeune pousse Binder concentre ses activités au Québec depuis 16 mois. Elle espère une expansion dans le reste du Canada, puis aux États-Unis et dans le reste du monde d’ici trois ans. « On ne veut pas grossir trop rapidement pour s’assurer de donner un service impeccable », précise Fabrice Latour.

D’ici « un an ou deux », Binder souhaite élargir la base de données d’équipements standards qu’on retrouve dans presque toutes les chaînes de production pour des éléments plus personnalisés.

Enfin, d’ici cinq ans, Binder vise une offre de service qui dépasse les équipements pour intégrer les ressources humaines. Il s’agit de promouvoir le partage de la main-d’œuvre. « Il y a des entreprises qui emploient des techniciens sans les utiliser à temps plein, alors que d’autres entreprises pourraient utiliser leurs services, explique Gabriel. La plateforme pourrait indiquer quand un de ces spécialistes est disponible. »