(Hong Kong) La banque HSBC a annoncé une baisse de plus d’un quart sur un an de son bénéfice net au premier trimestre 2022 à cause de provisions pour pertes sur crédit liées au poids de l’inflation et de la guerre en Ukraine.

De janvier à mars, HSBC a réalisé un bénéfice net de 2,8 milliards de dollars américains, contre 3,9 milliards lors de la même période de 2021, a indiqué le groupe dans un communiqué.

« Les bénéfices ont baissé […] en raison notamment de pertes sur crédit » s’élevant à 600 millions de dollars contre 400 millions l’an passé, a précisé le PDG du groupe Noel Quinn, cité dans le communiqué.

Le géant bancaire britannique avait vu son bénéfice net plus que tripler en 2021, porté par d’énormes reprises de provisions pour risques d’impayés, grâce à un impact plus faible qu’attendu de la pandémie.

HSBC dévissait de 3,83 % à 482,40 pence mardi peu avant 6 h à la Bourse de Londres

Les provisions pour dépréciation sont dues en grande partie « à la détérioration de la situation économique en Russie et en Chine » et « aux pressions inflationnistes générales qui conduisent la banque à la prudence quant à la probabilité de défauts de paiements », commente Richard Hunter, analyste d’Interactive Investor.

« Intenables »

« Les répercussions de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ainsi que les conséquences économiques persistantes de la COVID-19 ont fait grimper les prix d’un large éventail de produits essentiels, et l’accélération de l’inflation qui en résulte est un nouveau défi pour les autorités monétaires et nos clients », a précisé la banque.

Si la banque n’a pas quitté la Russie au contraire d’autres banques occidentales, sa branche dans le pays « n’accepte pas de nouveaux marchés ou de nouveaux clients et se trouve par conséquent sur une tendance à la baisse », a fait valoir le PDG.

M. Quinn a affirmé que la « grande majorité » des activités de HSBC en Russie étaient destinées à des multinationales ayant leur siège dans d’autres pays, et que la banque appliquait les sanctions mises en place par le Royaume-Uni et d’autres gouvernements.  

La banque estime que ses opérations en Russie pourraient devenir « intenables » en cas de nouvelles restrictions.

Pour autant, la banque maintient sa prévision de croissance pour l’année, qui devrait se situer selon elle au milieu de la fourchette d’une croissance à un chiffre.

« L’augmentation des prêts dans tous les secteurs d’activité et toutes les régions, la bonne croissance dans les services bancaires aux particuliers, l’assurance et le financement du commerce sont de bon augure pour les trimestres à venir », a fait valoir M. Quinn.

Et « nous restons déterminés à revenir à des rendements à deux chiffres en 2023 », a complété Ewen Stevenson, directeur financier du groupe, lors d’une conférence de presse téléphonique.

« Malgré des conditions d’exploitation plus difficiles ce trimestre, les fondamentaux de notre stratégie restent inchangés », a-t-il ajouté.

HSBC veut se recentrer sur l’Asie et le Moyen-Orient, jugés plus rentables, au détriment de ses activités de banque d’investissement en Europe et aux États-Unis.  

Flambée épidémique

Mardi, elle a souligné que les restrictions liées au coronavirus ont été levées dans la plupart des pays, mais des marchés stratégiques comme la Chine et Hong Kong restent attachés à une politique zéro COVID-19.  

« Les confinements imposés par le gouvernement chinois dans les grandes villes ont eu un impact négatif sur l’économie du pays, le tourisme en Asie et les chaînes d’approvisionnement mondiales », indique HSBC.

La Chine fait face depuis mars à une flambée épidémique qui touche à des degrés divers la quasi-totalité du pays. Depuis début avril, la quasi-totalité des 25 millions d’habitants de Shanghai sont confinés.

Hong Kong – le plus grand marché de HSBC – est entré dans sa troisième année de mesures strictes aux frontières, qui ont isolé le territoire du reste du monde et ont durement affecté le monde des affaires.  

Sous la houlette de M. Quinn, la banque a décidé de supprimer 35 000 emplois et céder son activité de banque de détail en France et aux États-Unis.