(Montréal) Malgré ses efforts pour protéger sa rentabilité, Metro pourrait voir ses marges sous pression si la flambée de l’inflation et la rareté de la main-d’œuvre se prolongent, a prévenu le détaillant alimentaire et pharmaceutique.

La société montréalaise doit mener un jeu d’équilibriste afin de protéger à la fois ses marges et l’achalandage en magasin, a expliqué le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du deuxième trimestre. « L’accélération de l’inflation, ce n’est pas quelque chose qu’on aime, du tout. Quand c’est trop élevé et trop rapide, ce n’est pas bon. »

Au cours de la période de trois mois terminée le 12 mars, la marge brute de Metro a été de 20,1 %, légèrement inférieure à la marge de 20,2 % à la même période l’an dernier. M. La Flèche a toutefois précisé que les marges dans les activités alimentaires subissaient déjà « un peu de » pression.

La mise en garde au sujet des marges de l’entreprise si les vents contraires de l’inflation et de la rareté de main-d’œuvre devaient se prolonger a attiré l’attention de Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD. « Les ventes restent fortes et les bénéfices sont similaires aux attentes, commente l’analyste financier. Les commentaires sur les perspectives risquent toutefois d’attirer l’attention des investisseurs. »

À la fermeture de la Bourse de Toronto, l’action de Metro perdait 1,87 $, ou 2,59 %, à 70,27 $.

Des changements d’habitudes

Même si le budget discrétionnaire des ménages est sous pression dans la foulée de l’inflation, les dépenses en épicerie n’en ont pas fait les frais, a répondu M. La Flèche à un analyste qui lui a posé la question. « Non, les dépenses des ménages pour la consommation de nourriture à la maison demeurent vigoureuses. »

Les habitudes de la clientèle ont toutefois changé pour tenir compte de l’inflation, a-t-il constaté. Il note que la croissance est plus forte dans ses enseignes à bas prix, comme Super C au Québec et Food Basics en Ontario, que dans les supermarchés traditionnels comme Metro. Les marques privées, comme Irresistibles et Selection, connaîtraient également un regain de popularité.

La diversification de l’entreprise qui détient des enseignes à escompte, des supermarchés traditionnels et des pharmacies est un atout dans ce contexte, a souligné le grand patron de Metro. Il a mentionné que les enseignes à escompte et les supermarchés avaient une rentabilité comparable et que le passage d’un client d’une enseigne à l’autre était relativement neutre, dans l’ensemble.

Les commentaires de M. La Flèche surviennent au lendemain du dévoilement d’un chiffre record pour l’inflation au Canada. L’indice des prix à la consommation a augmenté de 6,7 % en mars dernier sur une base annualisée, selon Statistique Canada. C’est la plus forte hausse depuis janvier 1991.

Pour le segment alimentaire, l’inflation a augmenté de 8,7 % par rapport à la même période l’an dernier. Il s’agit de la plus importante hausse annuelle depuis mars 2009.

Metro est dans une posture relativement favorable dans un contexte inflationniste difficile, juge M. Van Aelst. « Nous croyons que l’excellent historique d’exécution de Metro fait en sorte que le travail nécessaire pour compenser l’inflation élevée est moins important que la plupart des entreprises comparables. »

Un retour en force du rhume

Metro affiche une augmentation de 5,3 % de son bénéfice net tandis que le propriétaire de l’enseigne Jean Coutu a enregistré une forte hausse des ventes dans le segment des pharmacies, au deuxième trimestre.

Au cours de la période de trois mois terminée le 12 mars, la société montréalaise a enregistré un bénéfice de 198,1 millions, comparativement à 188,1 millions à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action atteint 0,84 $.

Les revenus, pour leur part, ont progressé de 1,9 % à 4,274 milliards. Les ventes comparables dans le segment de l’alimentation ont progressé de 0,8 %. Les ventes comparables pour les pharmacies se sont améliorées de 9,4 %. Une saison plus forte du rhume et de la toux ainsi que la distribution de tests rapides ont contribué à cette hausse.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice ajusté dilué par action de 0,84 $ et des revenus de 4,257 milliards, selon la firme Refinitiv.

Metro a également prévenu que son conflit de travail d’une semaine avec les employés à temps plein de ses centres de distribution de Toronto au début du mois d’avril aura coûté 10 millions avant impôt au troisième trimestre.

Le dividende trimestriel demeure inchangé à 27,5 cents par action.