Près de 160 000 petites et moyennes entreprises canadiennes qui souhaitent améliorer leur présence en ligne ou moderniser leur fonctionnement disposent maintenant de 4 milliards. C’est la somme globale offerte par le tout nouveau Programme canadien d’adoption du numérique (PCAN), une promesse du budget 2021 du gouvernement Trudeau.

En vertu de ce programme d’une durée de quatre ans, ces PME auront accès à un maximum de 22 300 $ en subventions. Pour l’implantation de la transformation proprement dite, un prêt sans intérêt maximal de 100 000 $ sera offert par la Banque de développement du Canada (BDC).

« Les petites et moyennes entreprises canadiennes ont besoin de plus d’outils, de ressources et de financement pour passer au numérique », a expliqué par communiqué Isabelle Hudon, présidente et cheffe de la direction de la BDC.

Investir dans le numérique, c’est investir dans la compétitivité et la croissance futures du Canada.

Isabelle Hudon, présidente et cheffe de la direction de la BDC

Les PME qui comptent au moins un employé peuvent déjà s’inscrire à ce programme aux modalités plutôt complexes, qui compte deux volets distincts, pour lequel les journalistes ont eu droit à un breffage technique de 45 minutes vendredi.

Le premier volet vise à développer les activités commerciales en ligne, par un site internet transactionnel existant ou à développer, et donne droit à une subvention maximale de 2400 $ pour « alléger les coûts liés à l’adoption de technologies numériques », explique-t-on. Ces entreprises auront surtout accès à un réseau de conseillers en commerce électronique inscrits dans une base de données du gouvernement fédéral, qui guideront les PME dans cette démarche.

On vise pour ce premier volet toutes les PME « accessibles au consommateur, offrant des services en personne », explique-t-on à Innovation, Sciences et Développement économique Canada. On a donné l’exemple des entreprises de commerce de détail, en restauration ou en tourisme, qui comptent au moins un employé. On s’attend à ce que 90 000 entreprises participent à ce premier volet.

Stages et prêts

La deuxième partie du programme est nettement plus généreuse. Son objectif : « permettre aux PME d’adopter les nouvelles technologies numériques pour transformer leurs activités, devenir plus compétitives et productives », explique-t-on.

D’abord, pour établir un plan pour ce virage numérique, on offre une subvention permettant de rembourser jusqu’à 90 %, pour un maximum de 15 000 $, des coûts liés. Une fois ce plan adopté, les PME ont droit à un prêt sans intérêt de 100 000 $ de la BDC pour l’exécuter. Parallèlement, une subvention salariale de 7300 $ permet d’offrir un stage rémunéré à de jeunes diplômés, pour soutenir ces entreprises dans leur transformation numérique. On s’attend à offrir 30 000 stages.

On vise des entreprises de tous les secteurs, plus particulièrement le commerce de détail, la fabrication, la construction, les services professionnels, la santé, la production alimentaire et l’agriculture. Les tailles ratissent large : de 1 à 499 employés, avec des revenus annuels de 500 000 $ à 100 millions. On prévoit que 70 000 entreprises participeront à ce deuxième volet du programme.

Les inscriptions au Programme canadien d’adoption du numérique sont déjà commencées et se font sur le site internet conçu pour l’occasion. On propose notamment un outil d’évaluation, la présentation des critères d’admissibilité et la consultation d’une banque de fournisseurs à proximité. Les PME ont jusqu’au 31 mars 2025 pour en profiter.

Consultez le site Programme canadien d’adoption du numérique

« J’encourage les propriétaires de petites entreprises et les entrepreneurs à présenter une demande dans le cadre du PCAN et à tirer parti de la technologie pour faire croître leur entreprise et trouver de nouveaux clients partout dans le monde », a déclaré par communiqué Mary Ng, ministre du Commerce international, de la Promotion des exportations, de la Petite Entreprise et du Développement économique.

Ce nouveau programme vient s’ajouter à l’Offensive de transformation numérique, lancée par le gouvernement Legault en mars 2021, qui prévoit un financement de 130 millions pour l’accompagnement des entreprises qui veulent moderniser leurs activités.

« Bonne initiative »… à améliorer

Le programme fédéral a été plutôt bien accueilli par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui regroupe quelque 100 000 PME au pays. « C’est une bonne initiative », estime Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales. « Quand on demande aux chefs d’entreprise quelles sont leurs priorités dans les années à venir, se connecter avec les consommateurs en ligne est l’une d’elles. »

Du côté des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, la PDG, Véronique Proulx, qualifie également ce programme de « belle initiative » qui peut aider les plus petites entreprises à faire le grand saut technologique. « On voit que la grande entreprise prend le virage 4.0. C’est une mesure bien adaptée pour la plus petite PME manufacturière qui veut entamer les premières démarches ; ça vient “dérisquer” l’opération, surtout pour le volet de subvention non remboursable. »

À la FCEI, M. Guénette note toutefois que le PCAN soulève « quelques points d’interrogation ». Le programme de stages offerts à de jeunes diplômés, d’abord, lui semble flou. « Quel genre de compétences ça va prendre pour être embauché par les organisations qui fournissent les services ? Comment s’assurer que ces jeunes ont vraiment la formation nécessaire pour offrir un service-conseil adapté aux besoins ? »

Les critères financiers du deuxième volet, qui vise la transformation numérique de PME ayant des revenus entre 500 000 $ et 100 millions, sont inadaptés, ajoute-t-il. « Est-ce qu’une entreprise ayant des revenus de 100 millions a besoin d’un tel programme pour améliorer ses technologies ? »