Le bras investisseur du gouvernement a déboursé 52,5 millions dans le projet minier antérieurement

Principaux créanciers garantis, le gouvernement du Québec et son partenaire, la société Orion, présentent une offre pour acheter 100 % de Métaux BlackRock, qui s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) le 23 décembre dernier.

Fondée en 2008, BlackRock souhaite produire du fer brut de haute pureté, du ferrovanadium et des scories de titane, des minéraux essentiels dans l’électrification de l’économie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le gisement est situé près de Chibougamau et le complexe métallurgique doit être construit au port de Saguenay. BlackRock a besoin de 1,1 milliard US pour aller de l’avant avec son ambitieux projet, indique le contrôleur Deloitte dans un communiqué.

En 2018, Investissement Québec (IQ) annonçait un investissement de 185 millions en actions et en prêt dans Métaux BlackRock. Dans un courriel envoyé à La Presse, IQ précise avoir déboursé 52,5 millions (et non pas 185 millions) depuis le début du projet, soit 20 millions en actions et 32,5 millions en dette prioritaire.

Depuis 2018, la société Métaux BlackRock a sollicité sans succès 150 investisseurs institutionnels, incluant le Fonds de solidarité FTQ et la caisse de retraite Teachers. Elle a aussi pris contact avec une cinquantaine de gestionnaires de fortunes familiales et une dizaine de fonds de capitaux européens.

Deux jours avant Noël, BackRock a dû se résoudre à demander la protection de la LACC parce qu’elle n’a pas l’argent pour rembourser ses principaux créanciers.

Elle est en conflit avec son principal créancier non garanti, Prosperity Materials Macao Commercial Offshore, à qui elle doit 40 millions US. Ses principaux créanciers garantis sont Investissement Québec et la société Orion Resource Partners. La junior leur doit 90 millions.

Au total, BlackRock doit 94,4 millions CAN et 40 millions US, selon la liste des créanciers préparée par Deloitte. À part les créanciers garantis, IQ et Orion, les autres ne reverront pas leur argent.

Le contrôleur Deloitte prévoit lancer le processus de vente de la société vers le 9 février. Il souhaite un dénouement d’ici le mois de mai 2022.

IQ et Orion deviendraient propriétaires à 100 % de Métaux BlackRock en contrepartie des sommes garanties qui leur sont dues. Cette convention d’achat servira d’offre-paravent de départ dans le cadre de la mise en vente de Métaux BlackRock.

Si cette offre devait être acceptée et entérinée par la cour, les actionnaires actuels de BlackRock perdraient leur mise.

Les principaux actionnaires sont Winner World à 46 %, Orion à 18 % et le gouvernement du Québec à 12 %. Au fil des ans, BlackRock a recueilli environ 67 millions US en actions pour un total de 149 millions d’actions.

L’objectif, explique la société dans un communiqué, est d’arriver à une transaction « qui améliorera la possibilité pour BlackRock d’obtenir un financement nécessaire à la construction et à l’achèvement du projet d’usine métallurgique de Métaux BlackRock au Québec laquelle vise à devenir le développeur de métaux spéciaux en Amérique du Nord », lit-on dans le communiqué annonçant le recours à la LACC.

La prochaine audience devant la cour est prévue le 7 janvier.

Avec Julien Arsenault, La Presse