Une dizaine de hauts dirigeants d’Alimentation Couche-Tard ont acheté dans les trois derniers jours près de 10 millions de dollars d’actions de l’entreprise de Laval dont le cours boursier est sous pression depuis le début de l’année.

À lui seul, Alain Bouchard, président exécutif du conseil et cofondateur de l’entreprise, a acheté pour 7,2 millions de dollars d’actions durant la séance de mercredi.

Il a fait l’acquisition de 193 000 actions à des prix oscillant entre 37 $ et 38 $, selon un document déposé auprès des autorités boursières.

Richard Fortin, cofondateur et membre du conseil d’administration, a quant à lui acheté environ 1 million de dollars en actions vendredi.

Claude Tessier, chef de la direction financière, Valery Zamuner, conseillère juridique principale et secrétaire corporative, Niall Anderton, vice-président aux opérations, Alex Miller, premier vice-président à l’optimisation commerciale, Kevin Lewis, chef du marketing, et Guillaume Léger, cadre de haut niveau, ont collectivement acheté quelque 20 000 actions de Couche-Tard depuis mercredi.

Couche-Tard a perdu de nombreux appuis chez les analystes au cours des trois dernières semaines, et a perdu 13 % de sa valeur boursière depuis le 1er janvier.

L’action de Couche-Tard a clôturé la semaine à 37,95 $ à la Bourse de Toronto. Le titre avait commencé l’année à 43,38 $.

Les analystes de la TD, de la BMO et de Barclays ont tous retiré leur recommandation d’achat cette année.

Si certains craignent une pression sur les marges dégagées de la vente de carburant d’ici la fin de 2021, d’autres croient que les occasions d’acquérir des dépanneurs à prix raisonnable se font de plus en plus rares.

La popularité grandissante des véhicules électriques alimente aussi les inquiétudes, étant donné que la vente d’essence compte pour une part substantielle du chiffre d’affaires et des profits de l’entreprise, et que de nombreux automobilistes profitent de leurs arrêts au dépanneur pour faire le plein d’essence afin d’acheter aussi de la nourriture, des boissons, etc.

Le dévoilement ce mois-ci d’une offre de plus de 25 milliards de dollars canadiens pour le géant français de l’alimentation Carrefour a causé la surprise chez les investisseurs. Des observateurs s’interrogent sur les ambitions de Couche-Tard et s’inquiètent du risque opérationnel et d’exécution associé à l’acquisition d’épiceries ou de magasins qui ne sont pas des dépanneurs, champ d’expertise traditionnel de l’entreprise et de ses dirigeants.

La diversification dans des secteurs connexes n’effraie cependant pas tous les experts. Certains y voient une volonté des gestionnaires d’amener l’entreprise à un niveau supérieur.

Dans une note publiée vendredi, l’analyste Chris Li, de Valeurs mobilières Desjardins, soutient que le prix actuel de l’action représente une occasion d’achat « intéressante ».

« Bien que je partage les inquiétudes au sujet de la diversification dans de nouvelles unités d’affaires, ce risque est déjà partiellement escompté. Si Couche-Tard réalise une acquisition à un prix correspondant au risque encouru, et si l’entreprise achetée est complémentaire aux activités et aide à se distancer de la vente d’essence, ça devrait créer de la valeur », dit-il.