(Toronto) La pandémie a contraint nombre de petites entreprises à se tourner vers les ventes en ligne.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante dit que le tiers des petites entreprises du pays offraient des ventes par internet en novembre.

Environ 152 000 petites entreprises se sont tournées vers le commerce électronique de mars à novembre. Une entreprise indépendante sur cinq dit qu’elle compte de plus en plus sur cette avenue pour survivre.

Les propriétaires de petites entreprises ont dû trimer dur, dépenser beaucoup d’argent et réorganiser leurs activités afin de continuer à attirer la clientèle.

Par exemple, certains ont dû modifier leurs produits pour s’assurer qu’ils ne soient pas endommagés pendant la livraison. D’autres ont joué avec la réalité virtuelle pour proposer des accessoires aux vêtements. Certains ont dû apprendre à maîtriser le codage, les médias sociaux et les systèmes de paiement en ligne.

Et plusieurs ont fait preuve d’un grand esprit d’initiative.

Kiki Lally, par exemple.

La femme d’affaires de Calgary avait lancé un studio d’artisanat, malgré une récession en Alberta. Son entreprise offrait notamment des cours d’arts et de l’animation à des fêtes d’anniversaire. Et lorsque les mesures contre la COVID-19 ont provoqué des fermetures d’entreprise, l’an dernier, Mme Lally a abordé la crise avec des pinceaux, du fils et un peu de créativité.

Elle a donc fondé DIY Delivery, un site internet où elle vend des kits d’artisanat. Elle a rapidement découvert que ce n’était pas aussi facile que cela.

« Tout à coup, on doit apprendre le commerce électronique et connaître l’inventaire. Il faut créer des kits, des vidéos et une chaîne YouTube, dit Mme Lally. Même la logistique de la livraison n’est pas simple quand on ne trouve pas tous les recoins de sa ville. »

Catherine Choi, la propriétaire d’une boutique de cadeaux de Toronto, a dû se tourner vers… la photographie.

Son commerce vendait bien certain de ses produits sur l’internet avant le début de la pandémie, mais seulement 15 % d’entre eux figuraient sur le site.

Mme Choi s’est acheté un projecteur avant de commencer à photographier tout son inventaire. « Cela prend beaucoup de temps, reconnaît-elle. Nous avons actuellement probablement encore moins de la moitié de nos produits en ligne. »

Mettre des articles en ligne a été une tâche fastidieuse, car la boutique ne disposait pas d’un système de paiement traditionnel et utilisait encore des registres et des classeurs à l’ancienne pour suivre les stocks.

Mme Choi a déplacé son entrepôt plus près de chez elle pour qu’elle puisse travailler tard le soir sur le traitement des commandes, mais cela n’a pas résolu tous les problèmes.

« Si quelqu’un veut une carte dont il ne reste qu’un seul exemplaire dans notre entrepôt de Scarborough, il faut trouver comment l’acheminer vers l’endroit où le client souhaite la récupérer », mentionne Mme Choi.

Faire face à tant de changements peut être une grande source de stress pour des commerçants qui peuvent se sentir « dépassés », dit Darryl Julott, responsable de la direction chez Digital Main Street, qui les aide à numériser leurs activités.

« Je parle aux propriétaires d’entreprise qui tentent de créer un site internet. Chaque fois qu’ils s’adressent à une entreprise pour les aider, ils n’obtiennent pas de réponse à leurs questions et ne savent pas quoi faire », raconte-t-il.

Au cours des derniers mois, l’entreprise fondée en 2014 a aidé de nombreux entrepreneurs à mettre en place des logiciels de comptabilité, des systèmes de messagerie électronique et des boutiques en ligne. Selon M. Julott, les plus grands obstacles qu’ils rencontrent concernent souvent la comptabilité ou leur lieu de résidence par rapport à leur commerce.

De nombreux commerces utilisent encore des registres de papier. Chaque vente et chaque adaptation les obligent à se rendre à leur bureau ou à leur magasin, ce qui peut rendre les opérations électroniques difficiles et chronophages, a-t-il expliqué.