L’entreprise montréalaise Industries Dorel vend sa division des bicyclettes de marques renommées comme Cannondale, Schwinn et Mongoose à un groupe hollandais pour un montant de 810 millions US, soit l’équivalent de 1 milliard CAN.

Cette vente au comptant de la division Dorel Sports devrait rapporter un montant net d’environ 735 millions US à l’entreprise montréalaise, ou 915 millions CAN.

Il s’agira d’un montant de liquidités considérable que la direction de Dorel dit vouloir utiliser pour « réduire sa dette » et « retourner du capital aux actionnaires » sous une forme – fort probablement en dividende spécial – qui sera décidée par le conseil d’administration de Dorel après la conclusion de la transaction, prévue au premier trimestre 2022.

De l’avis de Martin Schwartz, président et chef de la direction de Dorel, la vente de la division Dorel Sports survient au terme « d’un examen approfondi de ses options stratégiques qui avait été entrepris plus tôt cette année à la suite de commentaires de nos actionnaires ».

En fait, cette vente de la division Sports pour un montant de 1 milliard au comptant survient quelque mois après que les principaux dirigeants-actionnaires de Dorel ont mordu la poussière avec leur projet de rachat complet du capital-actions et son retrait de la Bourse à raison de 16 $ par action, ou quelque 1,3 milliard de dollars en tout.

Ce projet de fermeture de capital concocté avec la firme new-yorkaise Cerberus Capital avait succombé à la vive opposition des principaux actionnaires minoritaires de Dorel, dont la firme d’investissement Letko Brosseau de Montréal, ainsi qu’aux recommandations négatives de la part de sociétés d’analyse-conseil en votes d’actionnaires.

Sept mois après la fin de ce projet de rachat complet du capital-actions, son président et chef de la direction, Martin Schwartz, qui est aussi un membre principal de la famille dirigeante chez Dorel, soutient que « la cession de la division Dorel Sports représente une occasion unique de dégager de la valeur en tirant parti de la forte demande pour des actifs de taille dans le secteur des bicyclettes ».

« Dorel Sports occupe une place importante au sein de notre organisation depuis 2004, et nous sommes très fiers du succès mondial qu’elle a remporté. Bien que la décision de vendre la division Dorel Sports ait été difficile à prendre, nous sommes persuadés que cette opération représente la pleine valeur pour les actionnaires de Dorel », ajoute son président et chef de la direction.

Chez la firme Lekto Brosseau, qui est demeurée l’un des principaux actionnaires de Dorel après l’épisode du projet de rachat avorté en début d’année, on se dit satisfait que l’entreprise ait pu trouver une occasion de bien valoriser sa division Dorel Sports.

« La direction de Dorel a été capable d’obtenir un prix très intéressant pour la division Sports dans le marché du vélo, qui a d’ailleurs très bien fait depuis deux ans », a indiqué Stéphane Lebrun, vice-président à la gestion des investissements chez Letko Brosseau, lors d’un entretien avec La Presse.

« Par ailleurs, la clôture de cette transaction selon les termes annoncés augure d’une situation avantageuse pour l’ensemble des actionnaires de Dorel. Tout indique qu’ils se retrouveront bientôt avec une entreprise libre de dette et même en surplus de capital, ce qui lui permettrait de rétablir le dividende interrompu depuis 2019 tout en ayant les moyens financiers pour accentuer la création de valeur dans ses deux autres divisions des articles d’ameublement résidentiel et des articles pour enfants. »

Une telle suite du plan d’affaires est aussi ce que la direction de Dorel fait valoir dans son communiqué d’annonce de la vente de sa division Sports.

L’apport net de cette vente lui permettra notamment de renforcer son bilan et « de concentrer ses efforts sur la génération de profits à partir de ses activités restantes », c’est-à-dire de pouvoir « assurer la croissance de ses divisions Dorel Maison et Dorel Produits de puériculture [NDLR : pour enfants] tant à l’interne que par le biais d’acquisitions complémentaires. »

De l’avis de Martin Schwartz, « Dorel voit un potentiel important pour ses divisions Dorel Maison et Dorel Puériculture », et elle cherchera à y « reproduire le succès obtenu avec la division Dorel Sports ».

Mais dans l’immédiat, admet la direction de Dorel, elle doit composer avec de nombreux « défis à court terme » dans la gestion courante de ses divisions Dorel Maison et Dorel Puériculture.

Entre autres, explique l’entreprise par communiqué, « comme dans de nombreuses industries, l’incertitude de l’approvisionnement demeure une préoccupation majeure pour les activités de ces divisions, alors que la demande pour les conteneurs maritimes continue de faire grimper les coûts et nuit à la capacité de Dorel de répondre à la demande toujours forte des consommateurs pour ses produits ».

Par conséquent, à un mois de sa prochaine annonce de résultats trimestriels, la direction de Dorel avertit ses actionnaires que « l’inflation [des coûts d’intrants et de transport] et les chaînes d’approvisionnement sous forte tension » la forcent à réduire ses prévisions de prochains résultats par rapport à celles qui avaient été communiquées il y a deux mois, au début d’août.

N’empêche, en Bourse, les investisseurs en actions de Dorel ont manifesté leur vive satisfaction envers la revente de la division Dorel Sports pour 1 milliard de dollars au comptant en poussant leur valeur en hausse spectaculaire de 102 %, à 21,09 $, en fin de séance mardi.

Il s’agit d’un nouveau sommet de valeur boursière de Dorel depuis trois ans, mais encore à la moitié de son record historique de 44 $ par action qui remonte en avril 2013.