Citant la volatilité sur les marchés, l’entreprise de Longueuil kdc/one fait marche arrière et abandonne son projet d’inscription en Bourse qui se dessinait pour être l’un des plus importants effectués dans le Québec inc.

Après Lumenpulse, c’est la deuxième entreprise de Longueuil en trois mois qui annule à la toute dernière minute son opération d’inscription à la Bourse.

Mercredi, les banquiers de kdc/one évaluaient la demande et l’intérêt des investisseurs pour tenter de fixer le prix initial de l’action, et la direction misait encore sur un début des transactions jeudi.

Le fabricant de produits de beauté et de soins personnels avait déposé en juillet un prospectus précisant son intention de s'inscrire en Bourse. La fenêtre pour faire le saut était ouverte, et l’organisation avait bien l’intention d’en profiter.

kdc/one espérait récolter approximativement 800 millions US, une somme devant pour l’essentiel servir à réduire son niveau d’endettement.

Les banquiers souhaitaient établir le prix initial de l’action dans une fourchette de 13 $ US à 15 $ US pour le début des transactions à Wall Street, ce qui devait donner à kdc/one une évaluation boursière initiale d’environ 3 milliards US.

« Nous avons décidé de ne pas aller de l’avant avec le premier appel public à l’épargne à ce stade-ci », a indiqué à La Presse le porte-parole Michael Salzillo.

Compte tenu de la volatilité dans le marché, nous croyons que la meilleure chose à faire présentement est de continuer de nous concentrer sur la croissance de nos activités en tant qu’entreprise privée.

Michael Salzillo, porte-parole de kdc/one

Michael Salzillo assure que la stratégie de l’entreprise, également connue sous le nom de Knowlton Development Corporation, ne change pas à la suite de cette décision.

« Nous allons continuer d’investir pour développer nos capacités et proposer des solutions innovantes afin de répondre aux besoins de nos clients », dit-il.

La direction a notamment passé les 10 derniers jours à faire des présentations virtuelles à des investisseurs potentiels et à répondre à leurs questions dans l’espoir de les voir passer des commandes pour devenir actionnaires.

Deuxième retrait québécois en trois mois

À la mi-juin, Lumenpulse, une autre entreprise dont le siège social est installé à Longueuil, avait renoncé à effectuer son retour en Bourse en citant des conditions « non optimales ». L’entreprise spécialisée dans l’éclairage de haute performance qui se présente aujourd’hui sous le nom de LMPG espérait récolter 125 millions. Cette somme devait l’aider, elle aussi, à rembourser des dettes.

Tant pour kdc/one que pour Lumenpulse, une inscription à la Bourse avait le potentiel pour appuyer la stratégie de croissance par acquisitions puisque les actions peuvent être utilisées comme monnaie lors d’une transaction.

kdc/one a réalisé 16 acquisitions en 30 ans, dont 7 depuis 2 ans.

Fondée en 1990, kdc/one fabrique notamment ses produits (shampoings, lotions, gels, mousses, pommades, aérosols, savons, déodorants, lingettes, insecticides branchables, pulvérisateurs portables, etc.) pour de grandes sociétés de produits de consommation.

Pour susciter l’intérêt des investisseurs, la direction a notamment fait valoir que le bénéfice d’exploitation était en forte progression depuis trois ans (il frôle les 240 millions). Le chiffre d’affaires de l’entreprise a dépassé les 2 milliards au cours du dernier exercice financier.

L’entreprise a toutefois des antécédents de pertes nettes, et rien ne garantit qu’elle sera rentable à court terme. La perte nette a dépassé 125 millions au cours du dernier exercice.

Les deux plus importants actionnaires institutionnels de kdc/one sont Cornell Capital et la Caisse de dépôt et placement du Québec. Si le saut en Bourse s’était réalisé comme prévu, Cornell aurait conservé une participation de 43 %, tandis que la Caisse aurait aujourd’hui 18 % des actions en circulation.

Le projet d’inscription en Bourse de kdc/one était principalement piloté par Goldman Sachs, JPMorgan, UBS et BMO.

Le premier appel public à l’épargne de kdc/one devait être l’un des trois plus importants en Amérique du Nord cette semaine avec ceux de Freshworks, rival du géant Salesforce dans les logiciels d’affaires, et de Toast, entreprise de Boston spécialisée dans les logiciels de gestion pour restaurants qui concurrence notamment Lightspeed.

Mercredi, l’action de Toast s’est appréciée de 56 % à sa première séance en Bourse, alors que celle de Freshworks a gagné 32 % pour son baptême sur Wall Street.

À titre indicatif et comparatif, le spécialiste montréalais des solutions de paiements électroniques Nuvei avait amassé 700 millions US en septembre dernier en fixant le prix initial de son action lors de son premier appel public à l’épargne.

Il s’agissait alors du plus important premier appel public à l’épargne du secteur des technologies au Québec sur le plan des capitaux réunis et de la capitalisation boursière, mais aussi du plus important encore jamais réalisé par une entreprise de ce secteur à la Bourse de Toronto. C’était aussi le plus gros réalisé par une entreprise du Québec depuis Pages Jaunes, en 2003. Cette dernière avait alors amassé 1 milliard de dollars canadiens.