(Longueuil) Héroux-Devtek pourrait être la prochaine grande entreprise de l’industrie aéronautique à bénéficier d’un appui gouvernemental pour soutenir le développement d’un projet de train d’atterrissage qui, s’il se concrétise, devrait générer des retombées au Québec.

Le gouvernement Legault a récemment adopté un décret afin de permettre au fabricant de composantes d’aéronautique et de trains d’atterrissage d’obtenir un prêt pouvant atteindre 13 millions de dollars dans le cadre d’un projet qui « présente un intérêt économique important pour le Québec », est-il écrit dans la Gazette officielle.

« Je ne peux pas en parler plus, nous sommes à l’étude », a cependant répondu le président et chef de la direction de l’entreprise établie à Longueuil, Martin Brassard, mardi, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires.

Même si le décret gouvernemental est daté du 14 juillet dernier, il n’y a pas encore eu d’argent versé par Investissement Québec, le bras financier de l’État québécois, a-t-il ajouté.

Il est donc impossible pour le moment de savoir si le projet de la compagnie concerne le secteur de l’aviation civile ou de la défense. Les activités de Héroux-Devtek sont diversifiées dans ces deux secteurs. L’entreprise compte parmi ses clients des géants bien connus comme Boeing, Embraer et Airbus et collabore à une multitude de programmes.

M. Brassard a toutefois confirmé qu’il ne s’agissait pas de la fabrication du train d’atterrissage du Falcon 10X de Dassault, dont la mise en service est prévue en 2025 et qui rivalisera avec le Global 7500 de Bombardier dans le segment des jets d’affaires à large cabine.

Des impacts au Québec

Un projet d’envergure appuyé financièrement par Québec aurait vraisemblablement des retombées dans la province puisque le centre de recherche et développement de Héroux-Devtek, dans lequel travaille une centaine de personnes, a pignon sur rue en banlieue sud de Montréal.

« Pourquoi pas ? », a répondu M. Brassard, lorsqu’interrogé sur cette possibilité. « Notre centre est au Québec. Nos ingénieurs sont ici. On veut éviter l’exode des cerveaux. »

Le 15 juillet dernier, Ottawa et Québec avaient annoncé des investissements respectifs de 440 millions et de 240 millions de dollars pour financer des projets estimés à 1,8 milliard émanant de Bell Textron Canada, CAE ainsi que Pratt & Whitney Canada. Dans l’ordre, ces trois compagnies développeront des projets entourant l’hélicoptère électrique, des technologies d’aviation verte et un moteur turbopropulsé hybride.

Le dernier budget fédéral consacrait 2 milliards à la relance de l’industrie aéronautique, durement secouée par les turbulences provoquées par la pandémie de COVID-19.

M. Brassard n’a pas caché qu’il aimerait bénéficier d’un appui du gouvernement fédéral si Héroux-Devtek mettait au point un train d’atterrissage beaucoup plus léger qui contribuerait à la réduction des émissions de gaz à effet de serre des avions.

Grâce à la défense

Parallèlement à son assemblée annuelle, Héroux-Devtek a dévoilé ses résultats du premier trimestre, période au cours de laquelle la vigueur de son secteur de la défense, qui représente environ 70 % de son chiffre d’affaires, a permis de contrebalancer le recul constaté du côté de l’aviation civile.

Ses profits nets se sont établis à 6,7 millions de dollars, ou 19 cents par action, au cours de la période de trois mois ayant pris fin le 30 juin, comparativement à une perte nette de 1,3 million, ou quatre cents par action, à la même période il y a un an. Les analystes sondés par la firme de données financières Refinitiv s’attendaient à un profit ajusté de 15 cents par action au premier trimestre.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le bénéfice ajusté s’est établi à 19 cents, comparativement à 9 cents par action, au premier trimestre de l’exercice précédent. Les ventes se sont contractées de 1,7 %, à 126 millions.

La baisse des taux de change, particulièrement celui du dollar américain, a eu une incidence négative de 9,5 millions sur les recettes, selon Héroux-Devtek.

Si la reprise devait s’échelonner sur plusieurs années dans l’aviation commerciale, cela ne tempère pas l’optimisme des analystes à l’endroit de l’entreprise québécoise en raison de son exposition au secteur militaire.

« En attendant, l’entreprise peut s’appuyer sur son segment de la défense, qui est de plus en plus important et stable », a souligné Bryan Fast, chez Raymond James, dans un rapport où il fait passer son cours cible pour l’action de Héroux-Devtek de 18,50 $ à 20,50 $.

À la Bourse de Toronto, l’action de l’entreprise a clôturé à 18,25 $, en hausse de six cents, ou 0,3 %.