Le grand patron de WestJet Airlines blâme le « manque de cohérence » de la politique d’Ottawa alors que le transporteur aérien réduit son effectif et son horaire de vols en réponse aux nouvelles exigences de dépistage de la COVID-19 pour les passagers qui reviennent au Canada.

La ligne aérienne établie à Calgary a annoncé vendredi qu’environ 1000 employés seraient touchés par des congés forcés, des mises à pied temporaires, des congés non payés et des réductions d’heures de travail. WestJet réduira en outre sa capacité de 30 % en février et mars et supprimera 160 vols intérieurs de son horaire.

Les annulations de voyages et les réductions de nouvelles réservations ont commencé immédiatement après que le gouvernement fédéral a annoncé, le 31 décembre, ses exigences sur les résultats de tests de dépistage au retour au pays et le maintien d’une quarantaine obligatoire de 14 jours aux passagers de retour de voyage, a expliqué le chef de la direction de WestJet, Ed Sims.

« L’industrie du voyage et ses clients sont encore une fois victimes d’une politique gouvernementale qui manque de cohérence et de constance », a-t-il déploré dans un communiqué.

« Au cours des 10 derniers mois, nous avons préconisé un régime coordonné de tests de dépistage en sol canadien. Mais cette nouvelle mesure précipitée entraîne du stress et de la confusion inutiles auprès des voyageurs canadiens et pourrait rendre les déplacements inabordables, impossibles et inaccessibles pour les Canadiens au cours des prochaines années. »

Les nouvelles réductions de vols signifient que WestJet aura réduit ses vols de plus de 80 % par rapport à la même période l’an dernier, a-t-il précisé.

La capacité internationale diminuera de 93 % d’une année à l’autre et seuls cinq vols quotidiens seront proposés, comparativement à 100 l’an dernier. Au total, WestJet offrira 150 départs quotidiens, revenant à des niveaux jamais vus depuis 2001, a-t-il ajouté.

Le gouvernement fédéral a déclaré la semaine dernière que les passagers aériens à destination du Canada devraient fournir la preuve d’un résultat négatif au dépistage de la COVID-19 pour embarquer sur leur vol, une exigence en vigueur depuis jeudi.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, a expliqué mercredi que les restrictions seraient appliquées comme prévu, pour coïncider avec l’expiration de l’interdiction du Canada sur les vols en provenance du Royaume-Uni. Le 20 décembre, le Canada a interrompu la plupart des voyages aériens en provenance du Royaume-Uni, où un variant de la COVID-19 avait été découvert.

Turbulences avec les nouvelles règles

Les lignes aériennes et leurs passagers ont vécu 24 heures de turbulence sous le nouveau régime de tests de dépistage.

WestJet a indiqué qu’elle avait dû refuser l’embarquement à 32 passagers sur ses six vols internationaux à destination du Canada, jeudi.

« La journée d’hier a été très chargée », a affirmé la porte-parole Morgan Bell.

Les voyageurs ont été refusés en raison de tests inappropriés — des tests d’antigène ou d’anticorps, plutôt que le test PCR requis au Canada, qui s’effectue à l’aide d’un écouvillon nasal — ou parce qu’ils n’avaient aucun résultat de test, ou le résultat d’un test effectué plus de 72 heures avant le départ, a-t-elle expliqué.

« Notre équipe sur le terrain a modifié la réservation des clients touchés et les aide à trouver des tests admissibles dans la mesure du possible […] pour s’assurer qu’ils pourront revenir au Canada à une date ultérieure », a affirmé Mme Bell.

Air Transat a refusé l’embarquement à 10 passagers qui n’avaient pas subi de test PCR sur ses trois vols en direction du nord, jeudi. Une dizaine de voyageurs supplémentaires ont été refusés sur un vol au départ de Paris vendredi matin.

« De plus, pour les trois vols, un nombre important de voyageurs ne se sont pas présentés, ce que nous ne pouvons pas expliquer avec certitude. Nous suivrons de près l’évolution de la situation dans les prochains jours », a affirmé le porte-parole de Transat, Christophe Hennebelle.

« Il y aura malheureusement des passagers bloqués — un préavis un peu plus long et davantage de coopération auraient peut-être aidé à empêcher cela. »

Mercredi, la présidente de l’Association canadienne des agences de voyages, Wendy Paradis, a indiqué que les exigences en matière de tests étaient imposées selon des délais « irréalistes » et causaient déjà un « chaos » chez les agents de voyages, alors que les voyageurs faisaient la queue pour annuler leurs voyages.

WestJet, qui a été rachetée par le conglomérat Onex en 2019, s’est jointe à Air Canada, Air Transat et Sunwing, ainsi qu’au Conseil national des compagnies aériennes du Canada et à l’Association du transport aérien international (IATA), pour demander à Ottawa, en vain, une prolongation de 11 jours pour mettre en œuvre les nouvelles règles.

En octobre, WestJet a suspendu le service dans quatre villes du Canada atlantique et mis à pied 100 employés, après avoir mis à pied 4000 travailleurs depuis le début de la pandémie.

M. Sims a ajouté dans son communiqué que d’autres travailleurs de WestJet verraient également un impact sur leurs chèques de paie, qualifiant les réductions d’effectifs de « résultat cruel pour notre personnel loyal et dévoué qui a travaillé avec diligence pour lutter contre la pandémie ».