(Montréal) Bombardier croit avoir les reins assez solides pour traverser les turbulences provoquées par la pandémie de la COVID-19 étant donné qu’elle a beaucoup moins dépensé au deuxième trimestre, en plus d’avoir obtenu un prêt auprès d’une firme new-yorkaise pouvant atteindre 1 milliard US.

Alors que la Commission européenne se penche toujours sur la vente de sa division ferroviaire au géant français Alstom, la multinationale québécoise, en recentrage pour se concentrer exclusivement sur les avions d’affaires, a annoncé mercredi avoir pigé 500 millions US de moins que prévu dans ses flux de trésorerie pendant le deuxième trimestre.

Ces nouvelles ont été accueillies favorablement par les investisseurs, puisqu’à la Bourse de Toronto, l’action de Bombardier, qui traîne une dette à long terme de quelque 9,3 milliards US, a pris trois cents, ou 6,6 %, pour clôturer à 48,5 cents.

« On vient simplement de se donner de la flexibilité additionnelle pour gérer à travers la crise, a souligné par courriel un porte-parole de Bombardier, Olivier Marcil. Pour le moment, on est confortables avec la solution trouvée auprès du secteur privé. »

En vertu de l’accord intervenu avec HPS Investment Partners, qui se spécialise dans le crédit inférieur et dont l’actif sous gestion est estimé à 62 milliards US, l’argent sera mis à la disposition de la division aviation de Bombardier. Au moins 750 millions US du prêt à terme de trois ans, qui sera disponible au troisième trimestre, devront être utilisés. La vente de Bombardier Transport servira à rembourser la moitié de la somme empruntée.

Un plus gros coussin

Bombardier n’a pas offert de précisions sur le changement entourant l’utilisation de ses flux de trésorerie au deuxième trimestre terminé le 30 juin. Les détails seront connus le 6 août, lorsque seront divulgués les résultats. M. Marcil n’a pas indiqué si l’obtention de la facilité de crédit écartait définitivement la possibilité de voir la compagnie cogner à la porte des gouvernements dans l’espoir d’obtenir un coup de pouce financier.

« Notre situation de liquidité est solide », s’est-il limité à souligner.

En marge de l’assemblée des actionnaires, le 18 juin dernier, le président et chef de la direction de l’avionneur, Éric Martel, avait indiqué sa préférence à se tourner vers le secteur privé plutôt que les gouvernements afin d’obtenir une aide financière temporaire.

Bombardier, qui a vu ses activités être temporairement interrompues en raison des fermetures provoquées par la pandémie de COVID-19, devrait avoir consommé environ 2,6 milliards US de ses flux de trésorerie pendant la première moitié de l’année. À la fin juin, l’encaisse de Bombardier totalisait 1,7 milliard US et la société avait également accès à 700 millions US en financement.

Grâce à sa nouvelle facilité de crédit, ses liquidités devraient passer à 3,4 milliards US.

« (C’est) de l’argent en banque », a estimé l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, qui a qualifié de « positives » les annonces effectuées par l’entreprise dans une note envoyée à ses clients.

Selon l’analyste, Bombardier aura une plus grande marge de manœuvre alors qu’elle s’affaire à conclure les ventes de sa division ferroviaire et de ses usines situées à Belfast, en Irlande du Nord, et Casablanca, au Maroc, à la société américaine SpiritAerosystems.

Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a pour sa part souligné que les annonces de la compagnie contribuaient à apaiser ses craintes concernant sa situation financière.

« Les liquidités figuraient parmi l’une de nos plus grandes préoccupations pour Bombardier, car nous prévoyions qu’elle aurait besoin (d’argent supplémentaire) pour (faire le pont) jusqu’à la vente de (sa division) transport », a écrit l’analyste, dans une note.

La clôture de la cession de Bombardier Transport à Alstom, une transaction évaluée à 8,2 milliards US, est prévue pendant la première moitié de 2021. La Commission européenne indiquera d’ici le 31 juillet si elle donne son feu vert au regroupement ou si elle étudiera davantage la transaction.

Dans le cadre d’un témoignage devant la commission des affaires économiques, mercredi, en France, le président et chef de la direction d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, a dit qu’il espérait recevoir l’aval des autorités réglementaires européennes d’ici la fin du mois. L’entreprise française propose notamment de se départir du site de production de Reichshoffen, situé en territoire français, dans le but d’apaiser les craintes de la commission.