L’avenir de MEC se joue actuellement devant une juge de la Cour supérieure de la Colombie-Britannique. Elle devait en théorie donner son aval lundi à la vente du détaillant à des intérêts américains. Mais des membres de la coopérative, qui affirment avoir réuni « plus de 100 millions de dollars », réclament le droit de déposer une offre d’achat.

Le financement a été recueilli auprès du secteur des coopératives et d’investisseurs à impact social, a précisé à La Presse le mouvement Save MEC – Sauvons MEC. Celui-ci s’oppose à la vente du détaillant au fonds américain Kingswood et par conséquent à sa privatisation.

Ainsi, depuis lundi, Save MEC–Sauvons MEC tente de convaincre le tribunal de lui donner accès aux données financières de la coopérative et de lui laisser du temps afin de déposer « une proposition aussi satisfaisante que celle de Kingswood pour les créanciers, mais plus satisfaisante pour les membres, les employés et les communautés canadiennes ».

Après avoir écouté les arguments de plusieurs intervenants, la juge doit rendre sa décision ce vendredi, selon la porte-parole francophone du mouvement, Marie-Hélène Viau.

Avec 5,8 millions de membres, MEC est la plus grande coopérative commerciale au pays. Au 7 septembre, la coopérative comptait 1500 employés, dont « 1100 actifs ». Les magasins du Québec en employaient 155 (dont 94 actifs).

Kingswood a payé 150 millions

Rappelons que le 14 septembre, le conseil d’administration de MEC a annoncé qu’une entente avait été conclue avec Kingswood Capital en vue de l’acquisition de la majorité des actifs. Le fonds prévoit conserver 17 des 22 magasins. On a aussi appris au même moment que le détaillant avait recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies pour « faciliter la transaction ».

Selon un rapport rédigé par le contrôleur Alvarez & Marsal Canada, le prix de base de la transaction avec Kingswood est de 120 millions. Après certains ajustements et la prise en charge du passif, l’évaluation globale atteint 150 millions.

Le document précise qu’au cours des sept premiers mois de l’exercice actuel (de février à septembre), MEC a enregistré des ventes de 163 millions et une perte nette de 21 millions.

Pour l’exercice clos en février 2020, une perte nette de près de 23 millions a été enregistrée sur des ventes de 463 millions. Un an plus tôt, la perte avait atteint près de 16 millions, sur des ventes de 462 millions.

Une sénatrice dénonce le conseil

Save MEC–Sauvons MEC a par ailleurs reçu l’appui de la sénatrice Lucie Moncion qui a pris publiquement la défense de la coopérative, mercredi. Elle a notamment déploré le fait que les membres ont « appris la nouvelle en même temps que le reste du monde, dans les journaux ».

À son avis, « en plaçant la coopérative sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, le conseil d’administration a délibérément entravé le processus démocratique et nié à ses membres la possibilité de proposer des solutions alternatives », a-t-elle déclaré au Sénat.

Dans un tout autre ordre d’idées, le rapport du contrôleur nous apprend que les 42 employés du magasin de MEC de Montréal se sont syndiqués le 11 septembre. Ils sont représentés par la CSN, ce que la centrale syndicale nous a confirmé sans nous donner d’informations additionnelles.