(Ottawa) Le gouvernement fédéral a annoncé avoir conclu un accord avec la société aérospatiale québécoise Bombardier pour l’achat de deux nouveaux biréacteurs Challenger afin de remplacer la moitié de la flotte d’avions d’affaires existants des Forces armées canadiennes.

Ce contrat de 105 millions fait suite à des avertissements récents de responsables de la Défense selon lesquels deux des quatre appareils militaires existants ne seraient plus autorisés à voler dans de nombreux pays d’ici quelques années en raison d’une technologie obsolète.

Bombardier a annoncé vendredi la suppression de 2500 emplois dans sa division aéronautique, la demande d’avions à réaction privés ayant chuté en raison des répercussions économiques de la pandémie de COVID-19.

Pourtant, la décision d’acheter les deux nouveaux Challenger 650 pourrait susciter des critiques, car les gouverneurs généraux, les premiers ministres et les ministres ont été régulièrement accusés par le passé d’utiliser ces appareils comme taxis volants personnels.

Le ministère de la Défense nationale a annoncé que les nouveaux avions ainsi qu’un approvisionnement en pièces détachées et une formation initiale pour le personnel militaire seront livrés cet été.

Selon la sous-ministre de la Défense nationale, Jody Thomas, l’entente a été conclue à un moment opportun.

« Nous avons besoin de ces avions à cause des changements réglementaires », a-t-elle dit.

En raison de l’espace aérien plus encombré et de l’incorporation de nouvelles technologies numériques comme le GPS dans le contrôle du trafic aérien, les pays du monde mettent en place de nouvelles normes exigeant des systèmes de navigation modernes sur tous les avions.

Si les deux Challengers achetés par le gouvernement fédéral au début des années 2000 ont des systèmes relativement modernes, les deux autres, acquis dans les années 80, ne répondent pas aux nouvelles normes.

Le gouvernement fédéral s’est acheté un certain temps en signant un accord en décembre qui permet aux deux anciens avions de continuer à voler aux États-Unis, mais d’autres pays commencent à appliquer les mêmes normes. Le Canada les mettra en œuvre de 2021 à 2023.

Mme Thomas a défendu la décision d’acheter les avions de Bombardier sans concours. Les nouveaux avions sont similaires aux Challengers existants de l’armée, a-t-elle expliqué, ce qui leur permettra d’être intégrés de façon transparente à l’Aviation royale canadienne.

« Il était logique d’acheter des capacités canadiennes quand celles-ci existent, a souligné Mme Thomas. Ces avions s’intégreront très facilement dans la flotte. Les techniciens seront les mêmes. Les pilotes pourront piloter les deux types d’avions. »

Mme Thomas a nié que l’achat se voulait être un coup de main à Bombardier. Elle soutient que le gouvernement a vu une occasion, car les deux appareils étaient prêts.

Selon des recherches menées sur l’internet, le prix actuel d’un Challenger 650 est d’environ 40 millions. La sous-ministre justifie la différence en disant que le contrat comprend aussi des pièces de rechange et la formation.

« Nous ne payons pas trop cher, a insisté Mme Thomas. C'est plus que juste l'achat d'un avion en soi. C'est simplement trop facile de juste chercher un nombre sur Google. Il faut considérer le prix total. »

Les Challengers peuvent transporter jusqu’à neuf passagers. Leur utilisation a souvent été controversée, les partis d’opposition l’ont souvent dépeinte comme étant inappropriée et inutile.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, à qui on reprochait l’utilisation excessive des Challengers, avait retiré deux appareils en 2014. Il avait indiqué à l’époque que cette décision permettrait d’économiser annuellement 1,5 million.

Les gouvernements précédents ont souvent avancé que ces avions étaient nécessaires parce que le premier ministre et le gouverneur général ne sont pas autorités à voler sur des appareils commerciaux, pour des raisons de sécurité.

Les responsables de la défense notent que les Challengers sont également utilisés par l’armée pour transporter des officiers supérieurs et des troupes dans certaines circonstances, ainsi que pour les évacuations médicales.

L’avion a également été utilisé pour transporter des fournitures et des équipements de protection individuelle à travers le pays pendant la crise de la COVID-19, a déclaré Mme Thomas. Ils ont également transporté du personnel militaire vers l’Europe après qu’un hélicoptère s’est écrasé au large des côtes de la Grèce en avril.

« Les Forces armées canadiennes utilisent ces avions, a-t-elle dit. Transporter des membres de la Marine royale canadienne après l’accident, ce n’est pas un geste politique. C’est du boulot. Et ce sont les bons avions pour faire ce genre de travail. »