D’un côté, un géant américain, Amazon, qui accapare à lui seul 17 % du montant des achats en ligne des Québécois et qui a séduit 44 % des cyberacheteurs. De l’autre, des détaillants québécois généralement hors du coup, un seul, Simons, figurant au top 10 des sites les plus populaires.

C’est le constat sans pitié de l’enquête du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO), dont les résultats ont été rendus publics hier. Entre avril 2018 et mars 2019, on a analysé 13 150 achats et suivi 6000 répondants pour établir les habitudes des Québécois en matière de commerce électronique.

Globalement, 64 % des Québécois ont effectué un achat en ligne durant cette enquête, dépensant en moyenne 234 $ par transaction. C’est la catégorie « vêtements, chaussures, bijoux et accessoires » qui est la plus populaire et de loin, alors que 38 % des cyberacheteurs y ont effectué au moins un achat, en moyenne de 125 $.

Il s’agit d’une hausse de 6 points pour cette catégorie depuis l’enquête précédente, tenue en 2017. Les deux autres catégories vedettes sont « alimentation, santé et beauté » et « électronique », les deux ayant fait l’objet d’au moins un achat pour 21 % des cyberacheteurs québécois.

Dans ces trois catégories, « Amazon éclipse ses rivales », précise-t-on dans le communiqué publié par le CEFRIO. À titre d’exemple, l’entreprise américaine a été choisie par 34 % des acheteurs de produits électroniques et 21 % quand venait le temps de commander des vêtements, chaussures, bijoux et accessoires.

Dans cette dernière catégorie, la plus importante, Simons a été choisie au moins une fois par 3 % des cyberacheteurs, ce qui en fait l’entreprise québécoise qui a le plus de succès en ligne, toutes catégories combinées. Précisons toutefois que dans une catégorie moins importante, « voyages et transports », Air Canada et Air Transat tirent également leur épingle du jeu, leur site ayant été utilisé par 14 % et 6 % des cyberacheteurs.

L’exemple Altitude Sports

La conclusion qui s’impose, estime Claire Bourget, directrice principale recherche marketing au CEFRIO, c’est que « les sites québécois sont vraiment écrasés ». La première raison, établie par une étude de son organisme l’an dernier, c’est qu’à peine 14 % des entreprises québécoises vendent en ligne. « Elles ont été en retard pour faire le saut, explique-t-elle. Ça prend des capitaux, des systèmes connectés, que la gestion des stocks soit intégrée. »

Elle relève tout de même quelques succès québécois intéressants, notamment Altitude Sports, qui a fermé sa boutique de la rue Saint-Denis en 2016 pour se consacrer uniquement à la vente en ligne. Selon l’enquête du CEFRIO, l’entreprise occupe le cinquième rang de sa catégorie, avec 3 % des cyberacheteurs qui l’ont choisie au moins une fois.

Les entreprises québécoises, estime Mme Bourget, font face à un énorme défi logistique pour affronter les géants du commerce électronique. « La concurrence est tellement forte, ça prend des marques fortes. Ce qu’on voit dans le marché, c’est que ce sont les fabricants qui vont vendre directement, c’est le profil de ceux qui réussissent le mieux. Et comme on n’a pas de volume important au Québec, il faut viser l’exportation pour avoir des économies d’échelle. »