La compétition est féroce dans l’industrie des repas prêts à cuisiner, un secteur dont le principal défi reste la réduction de son empreinte environnementale. Pour se démarquer, l’entreprise montréalaise MissFresh entame un virage vert en tentant de réduire l’emballage et d’éliminer les boîtes de carton en les remplaçant par un bac réutilisable. 

Depuis la fin du mois d’avril, les adeptes de MissFresh qui avaient pris l’habitude d’aller chercher leur commande chez Metro – qui détient depuis deux ans 70 % de l’entreprise –, au lieu de la faire livrer, retrouvent maintenant les produits nécessaires à la préparation de leur souper dans un bac en plastique réfrigéré. Ils n’ont ensuite qu’à déposer leur saumon, leurs légumes et fines herbes pré-portionnés dans un sac réutilisable et à reprendre le chemin de la maison. Le bac en plastique laissé sur place servira à un autre client. Au total, 133 supermarchés de la chaîne offrent cette option un peu partout au Québec. Bientôt, il sera également possible de faire la cueillette de son repas chez Jean Coutu, maintenant une filiale de Metro. 

MissFresh a aussi l’intention de faire ses livraisons à domicile dans les mêmes bacs en plastique qui seront laissés en consigne. Puis, les recettes permettant de préparer les repas peuvent être envoyées par courriel pour diminuer l’utilisation de papier.

En entrevue à La Presse, la fondatrice de l’entreprise, Marie-Eve Prevost, admet que ce « virage écolo » permet à sa société de se distinguer des autres. Elles sont effectivement plusieurs à offrir ce service dont le concept permet à un client de se faire livrer dans une boîte les produits nécessaires à la préparation d’un mets qu’il aura choisi à l’avance. Si cette dernière « ne pense pas qu’il y en ait trop », elle admet que la compétition est féroce.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Marie-Eve Prevost, fondatrice de MissFresh

Refusant de révéler ses chiffres, Mme Prevost mentionne toutefois que son entreprise, depuis l’association avec Metro, a quintuplé le nombre de repas qu’elle vend chaque semaine. Et avec ses points de chute devenus écologiques, elle dit espérer que 20 % de la clientèle ait recours à ce modus operandi.

Le défi de l’emballage

Bien que MissFresh assure vouloir multiplier les efforts pour réduire l’emballage, il reste encore du travail à faire. Le bac réutilisable présenté à La Presse contenait une multitude d’ingrédients emballés individuellement dans de petits sacs de plastique.

« Le plus gros défi que l’on a, d’un point de vue alimentaire, c’est que ça prend des emballages pour maintenir la durée de vie des aliments, souligne Mme Prevost. Les clients veulent des produits qui sont frais. Nous, on réduit le gaspillage alimentaire parce qu’on te permet de commander uniquement ce dont tu as besoin. Mais quand ça arrive chez vous, il faut que ça soit bon pour quelques jours. Partout où c’est possible de le faire, on va réduire l’emballage. On a fait énormément de recherches. Il n’y a pas de solution à l’heure actuelle. C’est ultra-complexe, ce secteur-là. Tout ce que vous achetez vient dans un emballage, il ne faut pas se leurrer. »

D’autres initiatives

MissFresh n’est pas la seule entreprise dans le domaine qui a tenté de réduire son empreinte écologique. Ses compétiteurs font eux aussi des tentatives. Cook it, par exemple, a lancé un projet-pilote qui a duré six mois, permettant à ses clients de recevoir leur commande dans un sac et des contenants lavables et réutilisables. « On entendait souvent que les gens disaient qu’il y avait beaucoup d’emballage et qu’ils ressentaient un malaise », raconte Laurence Gagnon Beaudoin, directrice du marketing de Cook it. Or, ce virage n’a pas eu l’effet escompté. Les nouveaux clients que l’on souhaitait attirer n’ont pas répondu à l’appel. « Les gens ne sont pas prêts à faire l’effort [de laver leurs contenants], croit Mme Beaudoin. Il y a une différence entre saluer l’effort et faire partie du mouvement. »

Cook it a donc décidé d’abandonner l’idée. Dès septembre, toutefois, les livraisons se feront dans des sacs réfrigérés réutilisables.

Les nouvelles initiatives mises en place par ces entreprises qui jouent du coude ne surprennent pas JoAnne Labrecque, professeure de marketing à HEC Montréal. « C’est sûr que cet aspect va continuer à prendre de l’importance », dit-elle. La spécialiste souligne toutefois que, dans le cas d’un service de repas prêts à cuisiner, le gain de temps fait par le consommateur pourrait prendre le dessus, reléguant au second rang le principe de recyclage.