La Pétrolière Impériale fait passer ses livraisons de brut par rail, qui étaient de 168 000 barils par jour en décembre, à « quasiment zéro » ce mois-ci et son chef de la direction juge que les réductions de production de pétrole obligatoires du gouvernement de l'Alberta en sont responsables.

Avec la reprise des prix du pétrole brut de l'Ouest canadien depuis l'annonce des réductions obligatoires annoncées au début décembre, il est rendu plus difficile de convaincre les clients américains de faire appel à la livraison par rail, a expliqué vendredi Rich Kruger, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

« Le pétrole brut par chemin de fer devrait contribuer à l'amélioration de la situation dans la province », a-t-il observé, évoquant l'objectif du gouvernement de soutenir les prix locaux en réduisant la production afin de décongestionner le réseau de pipelines et de libérer de l'espace de stockage.

« Mais maintenant, à cause de la manipulation importante et drastique sur l'écart des prix (entre le pétrole canadien et le pétrole américain), la récupération de capacité est maintenant inutile. C'est un état triste, un exemple très concret de ce que nous croyons être une conséquence néfaste, mal informée et négative de cette ordonnance de réduction. »

La différence de prix entre le mélange de bitume bitumineux Western Canadian Select et le mélange de référence de New York, le West Texas Intermediate, était de 52 $ US le baril en octobre, mais a été ramenée à moins de 10 $ US en décembre et en janvier.

Cet écart est passé vendredi de 9 $ US à 11 $ US le baril, selon le courtier pétrolier Net Energy Exchange.

Pour justifier le coût du transport ferroviaire, qui est plus élevé que celui des pipelines, l'écart entre les prix des deux mélanges doit être supérieur à 15 ou 20 $ US le baril, a fait valoir M. Kruger, ajoutant qu'il pourrait s'écouler « des mois » avant que la société ne puisse recommencer à augmenter ses expéditions.

Plus tôt cette semaine, la première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, a indiqué que la province réduirait de 75 000 barils par jour la réduction de production de 325 000 barils par jour entrée en vigueur le 1er janvier, évoquant une baisse plus rapide que prévu des niveaux de stockage.

Mais cette baisse d'utilisation de la capacité de stockage est attribuable à la croissance des livraisons de pétrole brut par chemin de fer, a fait valoir M. Kruger. Il a ajouté que l'Impériale représentait environ la moitié de toutes ces expéditions et que sa décision de mettre au repos son terminal ferroviaire près d'Edmonton aurait une incidence sur le maintien des niveaux de stockage.

L'Alberta continue de négocier avec des fournisseurs potentiels dans le cadre de son plan d'acquisition de 80 locomotives et de 7000 wagons-citernes pour aider à acheminer le pétrole aux marchés à partir de la fin de 2019, a récemment indiqué le ministre albertain de l'Énergie.

Par ailleurs, l'Impériale a publié un bénéfice net de 853 millions pour son quatrième trimestre, comparativement à une perte de 137 millions au même trimestre un an plus tôt, alors que ses revenus ont atteint 7,89 milliards, en baisse par rapport à 8,08 milliards au quatrième trimestre précédent.

L'Impériale a précisé que ses activités en amont avaient perdu 310 millions au quatrième trimestre, comparativement à une perte de 481 millions un an plus tôt.

Parallèlement, les activités en aval de la société ont gagné 1,14 milliard pour le trimestre, en hausse par rapport à 290 millions pour le quatrième trimestre de 2017, stimulées notamment par une hausse des marges et l'absence d'activités de redressement au cours du trimestre.