Alors que Soupesoup, entreprise qu’elle a fondée en 2001 puis quittée 15 ans plus tard, semble vouloir à nouveau s’imposer dans l’univers des potages, Caroline Dumas n’en démord pas : elle n’aurait jamais dû laisser aller son « bébé ».

« J’ai regretté d’avoir vendu depuis le jour un, affirme sans détour l’ancienne propriétaire au cours d’une entrevue accordée à La Presse. Quand tu vois que les choses ne sont pas dans la même lignée, tu as l’impression d’avoir fait adopter ton enfant par une mauvaise famille. Tu pensais que tu le donnais à quelqu’un qui ferait mieux que toi. Je n’aurais jamais, jamais dû faire ça. »

Retour en arrière. Rappelons que Soupesoup, fondée en 2001 par Caroline Dumas, connue pour ses livres de recettes et ses apparitions à la télévision, a été rachetée par Jacques Parisien, ex-numéro deux d’Astral, en 2014. Mme Dumas, qui agissait toujours à titre de présidente, a quitté le bateau en 2016. Hervé Gévaudan, homme d’affaires français, a repris les rênes de l’entreprise en septembre 2018. Soupesoup, qui a connu un parcours tumultueux, a même fermé ses restaurants en février. L’entreprise comptait alors quatre restaurants corporatifs et deux franchises. Or, M. Gévaudan semble maintenant déterminé à imposer ses soupes partout au Québec et même au Canada. En plus de vouloir vendre les potages signés Soupesoup dans les supermarchés de l’Ontario, il a annoncé en début de semaine son intention d’ouvrir deux restaurants à Montréal qui présenteront un concept complètement différent de celui des anciens établissements.

C’est justement en apercevant les pancartes installées récemment dans la ville pour appuyer les ventes en épicerie et souligner le retour en force de l’entreprise que l’ex-Madame Soupesoup a été informée des nouvelles visées de l’actuel propriétaire. Bien qu’elle ne brasse plus les potages de l’entreprise depuis déjà quelques années, Caroline Dumas, âgée de 51 ans, ne cache pas que la vie après Soupesoup n’est pas toujours facile.

Repartir à zéro

Propriétaire de deux restaurants, elle a vraiment l’impression d’être repartie à zéro. Chaque jour, on lui rappelle son passé chez Soupesoup.

La seule différence, c’est l’expérience en cuisine. J’ai comme construit un petit monstre. Les gens ont plus confiance en la bannière qu’en moi, qui l’ai construite.

Caroline Dumas, restauratrice et fondatrice de Soupesoup

Elle a dû se résoudre à n’ouvrir le Bloomfield, l’un de ses deux établissements, que les fins de semaine, faute d’employés. Pour ce qui est du Caroline, son petit dernier, elle se demande si elle pourra tenir le coup. « Ça reste difficile. Je me dis : est-ce que je me donne jusqu’au mois de février et après je vais être obligée de fermer ? »

Et pour ce qui est de vendre des produits à son nom en supermarché, projet qu’elle a chéri lorsqu’elle était chez Soupesoup, elle semble y avoir renoncé. « C’est sûr que j’aimerais beaucoup ça. Mais moi, je ne suis pas très carriériste. Je me suis occupée de brasser de la soupe. J’ai mis Soupesoup en avant de moi. De recommencer… je ne sais plus si j’ai la face de l’emploi. »

Malgré tout, aurait-elle été prête à reprendre les rênes de Soupesoup si on le lui avait demandé ? « Absolument », répond-elle sans hésiter une seconde.