L'incertitude régnait autour d'Aphria, mardi, dans la foulée de la publication d'un rapport de vendeurs à découvert qui visait ses récentes acquisitions en Amérique latine et soulevait des questions sur ses activités dans la région.

BMO Marchés des capitaux a réduit son cours cible sur le titre du producteur de cannabis pour le faire passer de 22 $ à 9 $. Elle dit qu'elle continuera de considérer les actions de l'entreprise de Leamington, en Ontario, comme un investissement spéculatif.

Le rapport des firmes Quintessential Capital Management et Hindenburg Research qualifie Aphria de « trou noir » et affirme que ses récentes acquisitions internationales, totalisant environ 280 millions, sont « essentiellement sans valeur ».

Les analystes de BMO Marchés des capitaux Tammy Chen et Peter Sklar ont indiqué que les accusations des vendeurs à découvert leur laissaient croire « qu'il y aurait une incertitude considérable » sur le titre. GMP Securities a pour sa part revu sa note et son objectif jusqu'à ce qu'il ait plus de « visibilité » autour d'Aphria.

« Nous pensons que les allégations formulées dans ce rapport pourraient avoir porté atteinte à la crédibilité de la direction », a fait valoir Martin Landry, de GMP, dans une note aux investisseurs. « Nous ne savons pas encore comment la société regagnera la confiance des investisseurs. »

Les actions du producteur de marijuana ont plongé mardi de 1,61 $, soit 21,2 %, pour clôturer à 5,99 $ à la Bourse de Toronto, après avoir chuté lundi de près de 28 %.

Dans leur rapport, Quintessential Capital Management et Hindenburg Research, qui ont une position à découvert sur l'action d'Aphria, ont estimé que les acquisitions du producteur en Jamaïque, en Argentine et en Colombie, avaient été effectuées à des prix « considérablement gonflés » et d'une manière qui, à leur avis, profite à un groupe d'initiés.

Selon les allégations des vendeurs à découvert, qui n'ont pas été vérifiées de manière indépendante, le siège social officiel de l'acquisition de 145 millions en Jamaïque est un bâtiment abandonné récemment vendu. Quintessential et Hindenburg ont également affirmé que l'entité acquise en Argentine au coût de 50 millions avait enregistré des ventes de 11 millions US en 2017, mais que son chiffre d'affaires annuel aurait en fait été de seulement 430 000 $ US, selon un travailleur.

L'acquisition de licences et d'autres actifs et activités connexes en Colombie, en Argentine et en Jamaïque, ainsi qu'un droit de première offre et de refus au Brésil, constituaient un accord stratégique important, a fait valoir mardi le chef de la direction de l'entreprise, Vic Neufeld, dans une déclaration de cinq pages répondant aux accusations.

« Aphria est attachée à la bonne gouvernance d'entreprise et à la transparence », a affirmé M. Neufeld. « L'acquisition en Amérique latine était une transaction négociée à distance entre deux sociétés cotées en Bourse, chacune d'entre elles ayant retenu les services de conseillers financiers professionnels. »

M. Neufeld a souligné avoir personnellement acheté lundi, tout comme d'autres membres de l'équipe de directeur de la société, pour plus de 3,1 millions d'actions d'Aphria, démontrant ainsi sa confiance envers la société.

« C'est l'engagement de notre équipe incroyable et de nos partenaires qui nous a menés là où nous nous trouvons actuellement, et qui a fait d'Aphria un succès mondial du secteur du cannabis », a affirmé M. Neufeld.

En réponse aux commentaires de M. Neufeld, Quintessential et Hindenburg ont de nouveau attaqué Aphria, affirmant que ses récentes déclarations « ne faisaient rien pour réfuter nos principales conclusions ».

« Nous exigeons que la société réponde réellement à nos recherches et à nos allégations », ont affirmé les vendeurs à découvert. « Les actionnaires méritent une PLEINE TRANSPARENCE sur ces questions et nous continuerons à faire rapport sur ce sujet jusqu'à ce qu'ils l'obtiennent. »