La décision d'Air Canada de lancer son propre programme de fidélisation en 2020 devrait l'aider à attirer plus d'investisseurs étrangers et à réduire l'écart de valeur qu'il affiche par rapport à ses concurrents américains, a estimé lundi le chef de la direction du transporteur aérien, Calin Rovinescu.

Air Canada négocie avec de potentiels partenaires de carte de crédit et s'attend à pouvoir faire une annonce à ce sujet d'ici la fin de l'année, a indiqué l'entreprise. Le transporteur a annoncé l'an dernier qu'il n'avait pas l'intention de renouveler son partenariat de plus de 30 ans avec Aimia, qui pilote le programme Aéroplan, lorsque celui-ci prendra fin en 2020.

M. Rovinescu a expliqué que l'industrie, dans son ensemble, ne profitait pas de sa pleine valeur parce que les faillites de lignes aériennes des deux côtés de la frontière ont rendu ces investissements plus risqués.

Mais il calcule que la décision de ne pas renouveler le partenariat avec Aéroplan devrait permettre de libérer jusqu'à environ 2,5 milliards de dollars en valeur pour les investisseurs.

« En fait, cela pourrait jouer un grand rôle dans l'élimination du différentiel existant avec les transporteurs américains », a-t-il expliqué dans le cadre de l'assemblée annuelle des actionnaires, en réponse à la question d'un participant.

Une partie de cet écart est attribuable aux coûts d'affaires plus élevés au Canada, en raison des frais et des dépenses que les lignes aériennes américaines n'ont pas à débourser à leurs aéroports.

Le directeur financier d'Air Canada, Michael Rousseau, a ajouté que l'écart avec le cours des actions des entreprises américaines pourrait aussi diminuer au fur et à mesure que l'entreprise saura attirer plus d'investisseurs aux États-Unis, en Europe et en Asie. Actuellement, 42 % des actionnaires d'Air Canada habitent à l'extérieur du Canada.

Concurrence dans l'Ouest

Air Canada a indiqué qu'elle se préparait à déployer les avions de son transporteur à bas prix Rouge, cet été, pour des vols transcontinentaux dans l'Ouest canadien, afin de faire concurrence à ses rivaux à très bas prix. Ces vols relieront les villes de Montréal et Victoria, ainsi que Toronto et Nanaimo et Kamloops, en Colombie-Britannique, à compter de juin.

WestJet Airlines se prépare à lancer en juin Swoop, un transporteur à très faible prix qui fera concurrence à Flair Airlines et d'autres transporteurs à bas prix.

Entre-temps, Air Canada est prête à augmenter sa capacité pour répondre, au besoin, à une potentielle grève des pilotes de WestJet.

« Nous ne prenons certainement pas de plaisir à voir les défis et difficultés auxquels WestJet fait face actuellement, mais notre objectif est certainement de profiter des occasions d'affaires que nous pourrions saisir lorsqu'elles se présenteront », a indiqué M. Rovinescu aux actionnaires.

Air Canada a affiché lundi une plus petite perte que prévu lundi, pour son premier trimestre, même si ses revenus ont progressé par rapport à l'an dernier, alimentés par une hausse de la capacité et du trafic passager.

La ligne aérienne montréalaise a perdu 170 millions de dollars, ou 62 cents par action, pour son trimestre le plus lent de l'année. En comparaison, elle avait perdu 13 millions, ou 5 cents par action, un an plus tôt au même trimestre.

Les revenus trimestriels d'exploitation ont atteint un nombre record de 4,07 milliards, en hausse par rapport à ceux de 3,64 milliards de l'an dernier.

Les revenus accessoires, non liés aux tarifs des billets, ont avancé de 17 %, notamment grâce à la présélection de sièges et au surclassement.

Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, M. Rovinescu a souligné que ces robustes résultats avaient été réalisés malgré les coûts liés aux interruptions de service liées aux conditions hivernales.

« Malgré ces difficultés, la performance de notre premier trimestre démontre notre habileté à nous ajuster aux vents contraires », a-t-il dit.

Sur une base ajustée, Air Canada a perdu 52 millions, soit 19 cents par action, comparativement à une perte ajustée de 63 millions, ou 23 cents par action, un an plus tôt - une amélioration réalisée malgré une hausse des prix du carburant.

Les analystes s'attendaient en moyenne à une perte ajustée de 44 cents US par action, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Air Canada étudiera la possibilité de commencer à verser un dividende lorsqu'il se rapprochera de sa cible visant à obtenir une note de crédit de première qualité, d'ici la fin de 2020, a indiqué M. Rousseau.

Cependant, le directeur financier n'était pas certain de l'avantage réel de la mise en place d'un programme de dividende, ajoutant que la plupart des actionnaires dont il entendait parler disaient préférer que la société réduise sa dette et rachète des actions.