Les promoteurs de parcs éoliens se bousculent au portillon pour vendre de l’électricité à Hydro-Québec. Son plus récent appel d’offres pour l’achat de 1500 mégawatts a suscité 16 propositions pour un total de 3034 mégawatts, soit le double du volume d’énergie demandé.

Le prix de cette énergie n’est pas encore connu. Lors de son appel d’offres précédent pour 480 mégawatts d’énergie renouvelable et 300 mégawatts d’énergie éolienne, Hydro-Québec a obtenu des prix moyens déjà plus élevés, allant jusqu’à 8 cents le kilowattheure, soit 30 % de plus que ses achats précédents.

Fait à noter, Hydro-Québec a soumis elle-même une soumission à 6,5 cents le kilowattheure, qui a été retenue et qui a fait baisser le coût moyen obtenu pour l’appel d’offres de 480 mégawatts d’énergie renouvelable.

Ces propositions ont répondu à un appel d’offres lancé en 2021 et ont été soumises en juillet 2022.

Depuis, beaucoup de choses ont changé. Les taux d’intérêt ont grimpé en flèche, ce qui augmente le coût du capital pour les promoteurs de parcs éoliens.

Le coût de l’acier, du cuivre et de l’aluminium nécessaires à la fabrication des tours, des turbines et des pales d’éoliennes a continué de grimper, comme les coûts de transport pour réunir ses composantes sur les sites retenus.

« Le coût en capital des projets éoliens a augmenté rapidement au cours de la dernière année », constate Merrimack, la firme spécialisée mandatée par Hydro-Québec pour évaluer le coût des projets retenus dans ces deux appels d’offres.

« Le coût des projets éoliens a baissé de 40 % dans les années 2010, mais les prix sont repartis à la hausse et la tendance va se poursuivre », dit le rapport de Merrimack, qui cite les prévisions d’augmentation des prix du fabricant de turbines Vestas.

Cette inflation généralisée, qui n’épargne pas le coût de la main-d’œuvre qui construira les parcs éoliens, commence à se voir dans les prix que paiera Hydro-Québec pour cette production attendue en 2026. Jusqu’où le prix des futurs kilowattheures éoliens augmentera-t-il ?

« L’éolien reste l’énergie renouvelable la moins chère », affirme Samuel Bergeron, porte-parole de l’Association québécoise des producteurs d’énergie renouvelable (AQPER). Selon lui, le crédit d’impôt contenu dans le dernier budget fédéral qui s’applique aux manufacturiers d’équipement éolien pourrait atténuer la hausse généralisée des coûts.

L’aide fédérale s’applique uniquement à ce qui est produit au Canada et pas aux composantes importées, comme les turbines, la partie la plus coûteuse d’une éolienne qui n’est pas fabriquée ici. « Ça donne quand même un certain coup de main », estime le porte-parole de l’AQPER.

Si le coût de production de l’énergie éolienne a baissé considérablement au cours des dernières années, c’est surtout en raison des avancées technologiques. Les éoliennes sont plus grosses et leur capacité de production d’électricité a augmenté, ce qui a contribué à réduire le coût du kilowattheure, mais cette tendance à la baisse est maintenant terminée.

L’espace commence à manquer

En plus de la hausse des coûts liés à la construction des parcs éoliens, un autre facteur fera augmenter le prix de revient du kilowattheure pour Hydro-Québec : l’espace disponible sur le réseau de transport d’électricité pour intégrer cette énergie commence à manquer.

Déjà, la société d’État a prévenu les promoteurs éoliens qu’elle privilégiera les projets situés à proximité de son réseau de transport, dont la capacité encore disponible était estimée à 3000 mégawatts avant le récent appel d’offres pour 1500 mégawatts qui vient de se terminer. Ça veut dire qu’il reste encore de la place pour 1500 mégawatts.

Après, il faudra des investissements dans de nouvelles lignes de transport et d’autres équipements comme des postes de conversion, indique Caroline Desrosiers, porte-parole d’Hydro-Québec.

Les investissements requis sont importants, si on se fie aux projets en cours qui se chiffrent en milliards.

En plus d’être chers et de contribuer à augmenter le coût du kilowattheure, de tels travaux prennent du temps et pourraient entraver le développement du potentiel éolien au Québec.

« Le potentiel intégrable, c’est le bémol qu’on a, admet le porte-parole de l’AQPER. Le développement éolien va aller de pair avec le développement du réseau d’Hydro-Québec. »