L'agence de transport ontarienne Metrolinx a révélé hier qu'elle tenait des pourparlers avec un concurrent de Bombardier dans le but de remplacer l'entreprise montréalaise dans le cadre d'un contrat de 770 millions.

«Metrolinx est en discussion avec un fournisseur de rechange pour l'approvisionnement urgent de véhicules légers sur rail (VLR) pour le (projet) Eglinton Crosstown», a indiqué un cadre de l'organisme, Mark Ciavarro, dans une déclaration sous serment déposée en Cour supérieure. Metrolinx refuse de nommer l'entreprise en question.

L'automne dernier, Metrolinx a ouvert la porte à deux rivaux européens de Bombardier, Alstom et Siemens, pour un autre projet de train léger à Toronto, celui de l'avenue Finch Ouest, mais on ne savait pas que l'agence avait aussi fait de même pour Eglinton Crosstown. Évalué à 5,3 milliards, ce chantier est le plus important que mène actuellement Metrolinx.

Bombardier a décroché en 2010 un contrat de 770 millions pour construire 182 VLR destinés à quatre projets de Metrolinx, dont Eglinton Crosstown et Finch Ouest. Excédé par les retards de Bombardier, l'organisme a indiqué l'automne dernier son intention de résilier le contrat.

Dans une poursuite déposée contre Metrolinx le mois dernier, Bombardier allègue que Metrolinx menace de rompre le contrat dans but de revoir à la baisse le nombre de véhicules à livrer, deux des quatre lignes de train projetées ayant été mises en veilleuse.

Dans sa réponse rendue publique jeudi, qui fait plus de 2000 pages, Metrolinx soutient que la poursuite de Bombardier ne vise qu'à gagner du temps et à empêcher un autre constructeur de prendre sa place. «Si Metrolinx est contrainte de s'adresser à un comité de règlement des différends, [...] elle sera incapable de recevoir à temps des VLR provenant d'un fournisseur de rechange», précise M. Ciavarro.

Relation compromise?

Le ton acerbe des documents juridiques des deux parties laisse croire qu'il sera difficile pour elles de continuer à travailler ensemble dans ce dossier. «L'incapacité continue de Bombardier de respecter ses obligations contractuelles [...] a mis en péril l'aptitude de Metrolinx de mettre en oeuvre son mandat public d'améliorer le transport en commun à Toronto», a par exemple affirmé l'organisme gouvernemental dans une déclaration aux médias diffusée hier.

Bombardier a réagi en se disant «en total désaccord avec les allégations» de Metrolinx. L'entreprise a assuré qu'elle était «tout à fait en mesure» de livrer les trains requis d'ici novembre 2018, «avant même que les voies de la ligne Eglinton Crosstown ne soient construites».

La multinationale reproche à Metrolinx de refuser de réaliser un premier essai d'inspection du véhicule pilote actuellement entreposé à ses installations de Kingston et de ne pas appliquer le processus de règlement des différends prévu au contrat.

Une audience devant le tribunal est prévue le 21 mars dans cette affaire.