Même si les défis s'accumulent, les voyagistes se montrent optimistes. Tous estiment avoir la recette secrète qui leur permettra de se démarquer.

Transat, qui a divulgué des résultats en baisse pour le troisième trimestre, hier, insiste sur la flexibilité de sa flotte, composée de gros appareils A330 et de petits appareils Boeing 737. Sunwing fait valoir son vaste portefeuille d'établissements hôteliers. Air Canada souligne la structure de coûts de Rouge, inférieure à celle de son transporteur principal.

Pour l'hiver qui s'en vient, la capacité totale de l'industrie canadienne ne devrait pas augmenter autant que le prévoyait les analystes. La hausse devrait se situer à environ 1%. La capacité devrait cependant augmenter davantage à l'hiver suivant, selon Sam Char, directeur général de Sunwing.

Il a expliqué que, pour l'instant, Air Canada Rouge concentrait ses énergies sur l'Europe. Or, l'entreprise devra rentabiliser les appareils qu'elle ajoutera progressivement à sa flotte au cours des mois à venir. Il est donc probable qu'elle ajoutera de la capacité sur les destinations soleil l'année prochaine.

M. Char voit une autre concurrence pointer à l'horizon pour les Caraïbes: les Européens, qui délaissent des destinations du Maghreb comme la Tunisie en raison des récentes attaques terroristes, ainsi que les Chinois et les Indiens.

«Au cours des cinq dernières années, on a vu de 100 à 150 millions de personnes se joindre à la classe moyenne en Inde et en Chine, a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Affaires. Ces gens-là, ils aiment aussi aller au soleil. Ils doivent être hébergés.»

À son avis, la bataille se livrera au niveau des chambres d'hôtel. Ceux qui pourront sécuriser un nombre suffisant de chambres de qualité tireront leur épingle du jeu.

«Nous avons un certain contrôle sur 32 000 chambres, a-t-il fait valoir. Nous sommes avantagés par cela.»

Le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, estime de son côté que son entreprise est sur la bonne voie, notamment avec la location d'un plus grand nombre de petits appareils Boeing 737. Ces avions permettent notamment d'effectuer des liaisons qu'il n'était pas possible d'offrir parce qu'il n'y avait pas assez de passagers pour remplir de gros Airbus A330.

«Notre flotte est plus flexible que jamais, a-t-il lancé en conférence téléphonique hier. Et je pense que notre produit est meilleur que jamais. Nous avons de meilleures ententes avec les hôteliers. Nous sommes bien meilleurs sur internet. La tendance est positive.»

La chute du huard fait cependant mal.

«Ça nuit à tous les joueurs de l'industrie, a affirmé Sam Char. Nous payons notre carburant, nos chambres d'hôtel, la location de nos avions en dollars américains. En partant, nous avons une perte de 25%.»

Sunwing a mis en place une surcharge de 25$ par billet pour faire face à la situation.

Jean-Marc Eustache a fait valoir que la dévaluation de la devise canadienne aurait fait plus mal si elle était arrivée en plein milieu de saison, alors qu'il est plus difficile de hausser les prix. «Cette fois-ci, nous savons depuis un bon moment où se situe le dollar canadien par rapport au dollar américain, a-t-il déclaré. Tout le monde peut proposer des prix qui permettent de couvrir la faiblesse du dollar canadien.»

Jusqu'ici, les programmes de couverture de Sunwing ne lui ont pas permis de tirer avantage de la baisse des prix du carburant.

«Nous utilisons maintenant du carburant que nous avons peut-être acheté il y a un an et demi, avant la baisse», a expliqué M. Char.

Le chef de la direction financière de Transat, Denis Petrin, a également reconnu que le programme de couverture de l'entreprise ne lui avait pas permis de bénéficier de l'ensemble de la baisse des prix du carburant. Il a toutefois fait remarquer qu'un autre programme de couverture avait permis de limiter les dégâts liés à la baisse du dollar canadien.

«La stratégie du programme de couverture, c'est de diminuer la volatilité», a-t-il fait valoir.