Alors que des PME québécoises ont annoncé des projets d'expansion internationale, hier, au Salon de l'aéronautique du Bourget, Bombardier s'est faite discrète : aucune nouvelle commande à l'horizon. L'action a perdu 6,5% à la Bourse de Toronto.

CSeries : la bombe russe n'explosera pas au Bourget

Bombardier n'aura pas à craindre une très mauvaise surprise de la part d'un des plus importants clients de la CSeries pendant le Salon de l'aéronautique du Bourget.

Il y a deux mois, le directeur général de la société de location russe Ilyushin Finance Corporation (IFC), Alexander Rubtsov, a déclaré que l'entreprise réévaluait sa décision d'acquérir 32 appareils CS300. La commande ferme, d'une valeur de 2,56 milliards US au prix courant, est la troisième commande en importance pour la CSeries.

Les sanctions imposées contre la Russie rendent difficile le financement de la commande, parce qu'Ottawa a demandé à Exportation et développement Canada (EDC) de ne pas fournir de soutien aux sociétés russes.

M. Rubtsov avait déclaré qu'IFC annulera, modifiera ou confirmera la commande à l'occasion du Salon du Bourget.

Le chef des relations publiques d'IFC, Andrei Lipovetsky, a déclaré à La Presse Affaires hier que la société fera connaître sa décision plus tard, possiblement à l'occasion du salon aérospatial de Moscou, le Maks, en août prochain.

« Les discussions se poursuivent actuellement avec Bombardier », a-t-il expliqué.

Il a indiqué que le problème ne portait pas uniquement sur le financement des appareils, mais sur les délais dans le programme de développement. « Nous aurions aimé obtenir les appareils plus tôt », a indiqué M. Lipovetsky.

Boeing attend Bombardier de pied ferme

Bombardier trouvera Boeing sur son chemin si elle s'avise de lancer une plus grande version de la CSeries, un appareil CS500.

« Cela tomberait dans notre segment de marché, a déclaré Ray Conner, président et chef de la direction de Boeing Commercial Aircrafts, lors d'une rencontre avec des journalistes, hier. Cela représenterait une nouvelle concurrence. »

« Nous attendons avec impatience une telle occasion, a-t-il ajouté avec un large sourire. Avec beaucoup d'enthousiasme. »

Une autre mission de surveillance pour le Global 

Bombardier n'en a pas soufflé mot aux médias au salon du Bourget mais elle a conclu une entente avec Lockheed Martin et Raytheon pour militariser le biréacteur d'affaires Global et le proposer à l'armée de l'air américaine comme avion de surveillance. Lockheed Martin a fait cette annonce hier.

L'armée de l'air américaine entend remplacer sa flotte actuelle d'appareils de surveillance, 16 appareils E-8 JSTARS. Il s'agit de versions du Boeing 707 rééquipées par Northrup Grumman. Les forces aériennes préfèreraient maintenant un avion d'affaire comme plateforme parce qu'un tel appareil serait plus petit et plus efficace.

Le Global de Bombardier joue déjà un rôle d'avion de surveillance au sein de l'armée de l'air américaine dans le cadre d'un autre programme. 

Pour JSTARS, Lockheed jouera le rôle d'intégrateur et Raytheon fournira son expertise dans le domaine des systèmes de surveillance, de reconnaissance et de communications.

Pratt & Whitney Canada motorisera la moitié des nouveaux gros avions d'affaires

D'ici 2020, Pratt & Whitney Canada (P & WC) occupera 50 % du marché des moteurs pour les nouveaux gros avions d'affaires.

Il y a une dizaine d'années, P & WC n'était pas vraiment présente sur ce marché. À l'heure actuelle, elle détient une part de 17 %, avec l'appareil 7X de Dassault. Or, P & WC motorisera une nouvelle version du 7X, le 8X, et vient de remporter un important contrat pour équiper le Gulftream 500 et le Gulfstream 600 avec un tout nouveau moteur, le PW800, qui sera assemblé à Mirabel.

« Avec ces appareils, nous aurons 50 % du marché », a déclaré le président et chef de la direction de P & WC, John Saabas, dans une entrevue avec La Presse Affaires à l'occasion du Salon de l'aéronautique du Bourget.

L'entreprise de Longueuil a proposé à Bombardier de motoriser ses deux nouveaux avions d'affaires de grande taille, le Global 7000 et le Global 8000, mais elle a perdu cette compétition aux mains de GE.

« Si Bombardier veut remotoriser les Global 5000 et 6000, nous allons compétitionner », a promis M. Saabas.

Il a indiqué que le PW800 pourrait avoir d'autres applications. Il pourrait notamment motoriser des drones.

L'usine de P & WC à Mirabel assemblera le PW800 ainsi que le moteur qui équipera la CSeries.

« Si jamais il y a de la demande pour d'autres moteurs, nous pouvons augmenter le nombre de quarts de travail, a précisé M. Saabas. Il y a de la place pour la croissance. »

Bell Helicopter : Mirabel s'en sort bien

Il y a moins de mises à pied que prévu à l'usine de Bell Helicopter à Mirabel.

« Il y a eu un programme de départs volontaires qui a été très populaire aux États-Unis, a expliqué le président de Bell Helicopter Textron Canada, Raymond Leduc, dans une entrevue avec La Presse Affaires au Bourget. Nous avons pu minimiser le nombre de mises à pied à Mirabel. »

L'usine québécoise a même pu récupérer des tâches en recherche et développement qui étaient effectuées dans les installations américaines de Bell Helicopter.

En avril dernier, la direction de Bell Helicopter a annoncé 1100 mises à pied dans l'ensemble de ses installations, dont environ 300 à son usine de Mirabel. M. Leduc n'a pas voulu dire combien de mises à pied seront finalement effectuées au Québec.

Des Québécois à Toulouse, des Français à Montréal

Une firme d'ingénierie française installera une filiale à Montréal alors qu'une firme d'ingénierie québécoise ouvrira un bureau à Toulouse.

Le groupe français SII et la PME québécoise Altitude Aéronautique ont annoncé leurs plans respectifs au Salon de l'aéronautique du Bourget, hier.

Le directeur général international de SII, Jean-Paul Chevée, a indiqué que l'ouverture d'un siège social canadien à Montréal devrait entraîner la création d'une cinquantaine d'emplois au cours des trois prochaines années.

SII offre des services-conseils en technologies et en intégration de systèmes. L'aéronautique représente le tiers de son chiffre d'affaires.

Pour sa part, la présidente d'Altitude Aéronautique, Nancy Venneman, a affirmé que l'ouverture d'un bureau à Toulouse permettrait à son entreprise d'étendre ses activités en Europe.

Altitude Aéronautique se spécialise notamment dans l'analyse structurelle pour de nouveaux programmes d'avions et pour l'entretien de flottes existantes.

DCM chez Airbus

Une PME de Boisbriand, le Groupe DCM, a décroché un contrat pour la fourniture d'outillage de maintenance chez Satair, une filiale d'Airbus.

« C'est une grande marque de confiance, a commenté le chef de la direction de DCM, Pierre Ayotte. Nous pensons également que c'est un élan de croissance important. »

M. Ayotte a comme objectif de faire passer le chiffre d'affaires de DCM de 20 à 100 millions d'ici 2020. L'entreprise fournit déjà de l'outillage de maintenance pour les appareils de Bombardier, de Boeing et d'Embraer.

Elle vient de conclure un accord stratégique avec FusiA Impression 3D Metal pour mettre au point des méthodes de réparation en utilisant la technologie d'impression 3D.