Si la chute des prix du pétrole a des conséquences inquiétantes pour le gouvernement fédéral et d'autres provinces, elle profite à l'économie du Québec, selon le ministre québécois des Finances, Carlos Leitao.

Le ministre Leitao, qui participait lundi à la première rencontre interministérielle conviée par le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, est débarqué à Ottawa avec des préoccupations qui contrastent avec celles de certains de ses homologues provinciaux et territoriaux.

«À titre de ministre des Finances du Québec, ça ne m'inquiète pas, parce que pour les économies du centre du Canada comme l'Ontario et le Québec, la chute des prix du pétrole a le même effet qu'une baisse d'impôt majeure», a-t-il plaidé lors du point de presse s'étant tenu avant la rencontre.

Il avait beaucoup été question de pétrole lors des échanges entre les ministres, la veille, mais les discussions devraient porter sur d'autres sujets dans le cadre de la rencontre officielle de lundi, a signalé Carlos Leitao.

La question des infrastructures, entre autres, devrait faire surface, a-t-il suggéré. Et à ce chapitre, Québec souhaite que le fédéral en fasse davantage.

«Nous, au Québec, par exemple, nous avons un plan d'investissements en infrastructure de 90 milliards $ sur 10 ans, pendant que le gouvernement fédéral, pour tout le pays, c'est 70 milliards $ pour 10 ans aussi», a illustré le ministre Leitao.

L'épineux dossier des transferts en santé - dont la formule est appelée à changer en 2017 - devrait également être abordé.

Québec et «beaucoup d'autres provinces» aimeraient introduire un élément démographique dans la formule en raison du vieillissement de la population, selon M. Leitao, qui dit avoir trouvé «désobligeant» qu'Ottawa l'ait modifiée de façon unilatérale en décembre 2011.

Avant que les ministres ne s'engouffrent dans leur salle de réunion de l'édifice James-Michael-Flaherty - nommé en l'honneur du défunt ministre des Finances -, le gouvernement fédéral a annoncé le versement d'un montant record de 67,9 milliards $ en transferts aux provinces pour 2015-2016.

Le Québec en sera le premier bénéficiaire: quelque 20,3 milliards $ - dont une somme record de 9,5 milliards $ uniquement en paiement de péréquation - seront envoyés dans ses coffres pour cette même période de temps.

Ces montants englobent les sommes prévues par les trois programmes de transferts fédéraux annuels dont bénéficient les provinces canadiennes: la péréquation, le transfert pour les soins de santé et le transfert en matière de programmes sociaux.

En précisant la hauteur de ces sommes, lundi, le ministre Oliver a exhorté les provinces - nommément, le Québec et l'Ontario - à poursuivre leur ménage dans les finances publiques.

«J'appelle (...) tous les gouvernements à suivre notre exemple en équilibrant leur budget, en réduisant leurs impôts et en faisant montre de discipline fiscale», a-t-il insisté.

En dépit de l'importante baisse du prix du baril de pétrole, Ottawa maintient le cap en ce qui a trait à son propre équilibre budgétaire, qu'il compte atteindre en 2015-2016.

À partir de quel seuil les promesses d'Ottawa en matière de réduction du fardeau fiscal pourraient-elles être compromises?

Le ministre Oliver n'a pas voulu spéculer.

«Ce que je peux vous dire, c'est que les engagements pris par le premier ministre concernant les mesures fiscales pour les familles sont des promesses que nous respecterons», a-t-il affirmé.