Pour mieux se démarquer sur la scène internationale et chasser l'aura de corruption qui plane sur la ville, Montréal doit songer sérieusement à se doter d'une image de marque.

C'est l'idée qu'a lancée hier le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, dans le cadre d'une conférence sur les grappes industrielles.

«Il n'y a personne qui fait du travail sur le branding parce que tout le monde est traumatisé par le dernier exercice qu'on a fait, qui n'a pas donné les résultats qu'on voulait», a déclaré M. Leblanc.

En 2008, la Communauté métropolitaine de Montréal avait déboursé près de 500 000$ pour concevoir une image de marque. Celle-ci prenait la forme d'un M multicolore surmontant le slogan «L'espace pour se réaliser». Largement ridiculisée, l'initiative avait aussitôt été mise au rancart.

Or, une image de marque serait un outil puissant non seulement pour faire oublier les problèmes de corruption et de collusion, mais aussi pour vendre Montréal à l'international, a fait valoir Michel Leblanc. Elle pourrait être utilisée dans les activités de démarchage à l'étranger ainsi que dans les campagnes promotionnelles.

«Montréal est peu ou mal connu, il faut absolument renforcer la marque de commerce, la signature de la ville», a estimé Jean Houde, président du conseil d'administration de la grappe Finance Montréal.

Selon M. Leblanc, la «marque Montréal» pourrait mettre de l'avant la créativité, caractéristique qui définit bien la métropole aux yeux de plusieurs observateurs.

L'image de Montréal à l'étranger revêt une importance fondamentale pour les huit grappes industrielles québécoises, qui consacrent une bonne partie de leurs énergies à tisser des liens internationaux.

L'an dernier, par exemple, Finance Montréal a mis à contribution les PDG de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, et du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, pour vanter les qualités de la métropole aux États-Unis et en Europe. Cette année, on fera appel à Louis Vachon, PDG de la Banque Nationale, et Serge Godin, président du conseil de CGI. L'organisme veut en outre accroître sa visibilité en Chine et en Australie.

Chez ActionMtl, la grappe audiovisuelle, la priorité est de relancer le secteur de l'animation, dont les revenus ont dégringolé de 200 millions à 20 millions de dollars entre 2000 et 2010, en raison notamment du scandale Cinar. Un partenariat vient d'être conclu avec le Japon, pays phare de cette industrie.

André Provencher, nouveau vice-président au développement international chez Québecor Média, est actif au sein de la grappe. Il veut notamment augmenter la vente de «formats» d'émissions de télévision, un marché mondial de 15 milliards dominé par des pays comme les Pays-Bas et Israël. Les ventes québécoises dans ce créneau ne dépassent pas 5 millions par année.

Les autres grappes québécoises sont Aéro Montréal, TechnoMontréal, Écotech Québec, CargoM (transport et logistique) et GIAQ (aluminium). Deux ou trois autres grappes pourraient s'ajouter au cours des prochaines années, dont une pour le secteur de la mode.

«Dans la mesure où elles ont des projets structurants, on va les appuyer», a assuré hier le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée.