Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a défendu jeudi les progrès obtenus par les États-Unis dans leur relation avec la Chine, à qui il ne compte cependant rien céder.

Parlant devant la Commission des finances du Sénat américain, M. Geithner a regretté que Pékin fasse «obstacle» au rééquilibrage de l'économie mondiale en refusant de réévaluer sa monnaie, le yuan.

Il a rappelé la détermination de son pays à vouloir «faire pencher la balance de la relation sino-américaine davantage au profit des Américains», tout en définissant la Chine comme un partenaire de premier plan pour les États-Unis.

Washington, a-t-il dit, veut continuer de dialoguer avec Pékin pour obtenir des changements sur trois points principaux : «la politique économique et commerciale» de la Chine, que M. Geithner veut voir plus ouverte aux entreprises étrangères; «Les réformes économiques destinées à réduire la dépendance de la Chine aux exportations et à encourager les importations à progresser davantage» qu'à l'heure actuelle; et «la réforme du taux de change chinois.»

«Notre politique vis-à-vis de la Chine est de protéger les intérêts américains», a dit M. Geithner à l'adresse du sénateur républicain Chuck  Grassley, qui accusait en substance le gouvernement d'échec sur toutes la ligne.

«Nous voyons des progrès, mais nous faisons toujours face à de nombreux défis», a dit le ministre, faisant référence à la dernière session de dialogue sino-américain sur des questions économiques et stratégiques qui a eu lieu fin mai à Pékin.

Ces défis, a dit le ministre, ne doivent cependant pas faire oublier les occasions et perspectives formidables qu'offre le développement de la Chine pour les entreprises américaines.

«La Chine progresse rapidement sur sa route devant la mener au rang de deuxième économie mondiale, et elle pourrait devenir le premier marché pour les exportations de biens et services américains», a-t-il fait valoir.

«Sur le plan économique, les forces de l'Amérique et de la Chine sont complémentaires», a dit M. Geithner, qui parle le chinois et a passé une partie de sa jeunesse en Asie.

Alors que l'idée de sanctions contre la Chine est à la mode au Capitole, où les élus accusent Pékin d'être responsable de la perte de nombreux emplois américains en maintenant le taux de change du yuan artificiellement bas pour favoriser les produits de leur pays à l'étranger, M. Geithner a insisté sur le fait que la réévaluation de la monnaie chinoise était loin d'être le seul objectif du gouvernement américain.

«Les importations américaines en provenance de Chine ont augmenté très rapidement, mais une grande part de cette croissance résulte du fait que les produits chinois remplacent d'autres produits étrangers», a-t-il dit, relativisant l'idée selon laquelle la montée en puissance de la Chine se ferait surtout aux dépens de l'emploi aux États-Unis.

M. Geithner a insisté en revanche sur le fait que le gouvernement américain serait intraitable vis-à-vis des produits chinois vendus à perte ou subventionnés en faisant appliquer «vigoureusement» la loi américaine.

Il a aussi indiqué que les États-Unis continuaient de se battre sans relâche pour obtenir que les entreprises américaines soient traitées en Chine sur le même pied que les entreprises locales.

Mais la route est longue, a-t-il dit aux élus impatients : «La Chine ne va pas devenir comme les États-Unis en une nuit.»