La Chambre des représentants américaine a adopté jeudi un projet de loi imposant à 90% les primes telles que celles octroyées, au grand dam de l'opinion publique, à des cadres de l'assureur AIG renfloué récemment par l'État.

Le texte a été approuvé par 328 voix contre 93, soit avec le soutien d'une partie de l'opposition républicaine. «La colère vient du fait de l'arrogance, de la prétention et de la cupidité de ces personnes», a justifié jeudi la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, en évoquant les bénéficiaires des primes.

Après avoir entendu mercredi en commission le patron d'AIG, Edward Liddy, les représentants ont voté un impôt visant les salariés dont la rémunération dépasse les 250 000 dollars par an dans des entreprises qui ont reçu plus de cinq milliards de dollars d'aide publique.

Une minorité réduite de républicains avait mis en avant un projet de loi concurrent qui permettrait, selon eux, de récupérer 100% des primes «immédiatement». «Le projet de loi démocrate, qui est examiné aujourd'hui, ne fait pas cela», a déploré le chef de la minorité républicaine John Boehner, en ajoutant que la majorité ne permettra «même pas que (le projet républicain) soit mis à l'ordre du jour».

Au Sénat, un projet de sanction fiscale a également été introduit jeudi. Le texte, différent de celui de la Chambre, imposerait de 35% les entreprises, ainsi que les bénéficiaires de primes.

Le scandale des primes intervient après le versement ce mois-ci à des cadres de l'assureur AIG d'un total de 165 millions de dollars pour les inciter à rester dans l'entreprise.

Un document interne avait été émis en décembre 2007 pour déterminer la manière dont seraient réglées les primes à un certain nombre de cadres de la branche financière AIG Financial products (AIG-FP).

Les objectifs de la compagnie étaient alors de «fournir des incitations» aux cadres pour qu'il continuent à travailler au redressement financier d'AIG-FP.

C'était sans compter avec l'effondrement à l'automne 2008 de la compagnie, maintenue depuis sous perfusion à coup de milliards de dollars par l'État (plus de 170 milliards depuis 2008). L'assureur appartient désormais à 80% à Washington.

Mercredi devant les parlementaires, M. Liddy a admis que des «fautes ont été commises au sein d'AIG».

Il a affirmé qu'il avait demandé aux cadres de rendre «au moins la moitié» des paiements perçus et quelques-uns avaient «proposé de rendre la totalité de leurs primes». Mais cela n'a pas apaisé la colère des parlementaires qui l'ont pressé de questions sur l'attribution «indigne» des primes.

«Je n'étais pas là» lorsque cela a été mis en place, s'est borné à répondre le dirigeant qui a pris les commandes de l'assureur en septembre 2008.

Jeudi, le responsable du contrôle de l'utilisation des fonds publics accordés aux banques américaines, Neil Barofsky, a annoncé qu'il allait enquêter sur l'affaire des primes et le rôle joué par le Trésor.

Le secrétaire au Trésor Tim Geithner a expliqué avoir appris le 10 mars l'existence de ces primes. Ses collaborateurs et lui ont alors examiné les faits et conclu que le gouvernement ne pouvait pas changer des contrats déjà établis.

Le président Obama, de son côté, a déclaré mercredi à Costa Mesa (Californie, ouest) qu'il assumait les responsabilités éventuelles du premier scandale de sa présidence.