Il a l'oeil brillant, des gestes vifs, un sourire franc et un débit rapide : Jonathan Durocher, 34 ans, est une bombe d'énergie.

Passionné de finance, il a découvert son côté entrepreneur à l'adolescence en tentant de faire mousser la carrière du groupe de musique Simple Plan, dont les membres sont ses amis d'enfance. Ils sont devenus des rock stars internationales.

Lui ? Président de Banque Nationale Investissements. À 33 ans. A-t-on besoin de préciser qu'il détonnait légèrement lorsqu'il s'est pointé à sa première réunion des présidents des différentes divisions de la Banque Nationale, à Toronto ?

Rien, toutefois, pour démonter celui qui carbure aux défis. Arrivé à la Banque Nationale en 2003 avec, en poche, son baccalauréat en administration des affaires de HEC Montréal, il s'est rapidement fait confier des mandats audacieux. Comme parcourir le Canada avec des conseillers en placement pour convaincre, du haut de ses 25 ans, de riches investisseurs de confier leurs millions à 1859, la division de gestion privée de la Banque Nationale alors en démarrage. On trouvait à l'époque seulement quelques employés chez 1859, et ils sont aujourd'hui une équipe de plus de 250. Les actifs sous gestion atteignent environ 15 milliards. 

Jonathan Durocher a réalisé le même genre de travail de bâtisseur à la Financière Banque Nationale lors des acquisitions majeures de Wellington West et de Valeurs mobilières HSBC. Elle compte maintenant 920 conseillers en placement et a 90 milliards d'actifs sous gestion. Inquiet que l'hyperactif fraîchement devenu papa commence à s'ennuyer dans ses « pantoufles », son patron lui a confié l'an dernier le poste de président chez Banque Nationale Investissements. Peu importe la solution d'investissement choisie par un client dans l'offre assemblée et distribuée par la Banque Nationale, la responsabilité de la gestion des actifs revient à l'équipe de Jonathan Durocher.

Quels sont vos défis comme président de Banque Nationale Investissements ?

Nous sommes la seule banque au Canada qui n'a pas ses propres gestionnaires de portefeuille à l'interne. Nous avons choisi, il y a trois ans, une architecture ouverte. Cela signifie que nous devons trouver les meilleurs gestionnaires dans le monde pour gérer nos différents types d'actions. Par exemple, nous avons signé avec Goldman Sachs pour gérer l'avoir de nos clients en actions américaines. Si les firmes embauchées ne livrent pas la marchandise, nous les changeons. Nous avons une grande autonomie. C'est un beau différenciateur par rapport aux autres banques. J'ai la mission de développer une vision pour amener Banque Nationale Investissements dans le premier tiers des plus importantes firmes de gestionnaires d'actifs au Canada. J'ai aussi un défi d'éducation parce que l'architecture ouverte est peu connue.

Quel a été le pire échec duquel vous avez appris ?

Avant, à l'université par exemple, j'avais souvent tendance à ne pas sélectionner avec attention les gens avec qui je faisais équipe. Je prenais ceux à ma gauche ou ceux à ma droite. Ça me rattrapait toujours. Je me retrouvais souvent à devoir en faire trop. Maintenant, j'ai le luxe d'avoir une super équipe. Je vois la différence d'être entouré de gens de confiance, de partenaires complémentaires. Puis, si je ne m'entoure pas de gens aussi passionnés que moi, je risque de les épuiser !

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Je regarde les gens de ma génération, et plusieurs se sont promenés d'une entreprise à une autre pour apprendre et avoir de nouveaux défis. J'ai eu la chance de pouvoir tout faire ça dans la même organisation. Je suis passionné de ce que je fais, alors je me vois rester à la Banque Nationale. Je suis un vieux Y et comme défi, j'aimerais me pencher sur la stratégie à développer pour positionner la Banque Nationale envers cette prochaine génération d'épargnants. Les Y n'ont pas les mêmes priorités ni les mêmes réalités que les baby-boomers. Ils sont sur les médias sociaux, ils payent leur café avec leur cellulaire. La Banque Nationale doit évoluer en ce sens, et je commence déjà à donner mes idées.

Nommez-moi une personne qui vous inspire.

Reed Hastings, le président et chef de la direction de Netflix. Je carbure à l'innovation. On ne peut pas aller chercher des résultats supérieurs si on ne fait pas les choses différemment. Lui, il a fait quelque chose de différent. Netflix est arrivé sur le marché et il a chamboulé le monde de la câblodistribution. J'ai beaucoup de respect pour son approche. D'ailleurs, on peut facilement trouver par une recherche sur Google un document PowerPoint à propos de la culture de Netflix sur SlideShare. On voit comment Reed Hastings gère ses ressources humaines, comment il innove. Je trouve que c'est très inspirant, et ces éléments font partie de mes valeurs et de celles que j'insuffle dans mon équipe.