Toyota semblait s'enfoncer jeudi encore un peu plus dans les difficultés, le constructeur automobile s'apprêtant selon la presse japonaise à rappeler 270 000 Prius pour un problème de freins, tandis qu'une plainte en nom collectif était déposée contre lui aux États-Unis.

Le journal économique japonais Nikkei a rapporté dans son édition datée de vendredi que le premier constructeur mondial allait rappeler 176 000 véhicules au Japon et environ 100 000 aux États-Unis.

Le rappel concernera les Prius de troisième génération, vendues entre mai et décembre, afin de changer le programme de contrôle de freinage de ces véhicules, selon le journal. Interrogé aux États-Unis, le groupe n'était pas en mesure jeudi de confirmer ces informations.

Auparavant, les autorités américaines avaient annoncé avoir ouvert une enquête sur ces problèmes de freins, qui viennent s'ajouter aux déboires du groupe japonais après la crise des accélérateurs défectueux qui a entraîné des millions de rappels de voitures et devrait coûter jusqu'à 1,4 milliard d'euros (2,06 milliards $ CAN).

L'autorité américaine de sécurité routière, la NHTSA, qui dépend du ministère des Transports, a évoqué des cas «de perte momentanée des capacités de freinage sur des surfaces accidentées, des bosses ou des nids de poule». La NHTSA a précisé avoir reçu 124 signalements de problèmes de la part de consommateurs, «dont quatre ont fait part d'accidents».

Toyota a indiqué avoir reçu 77 plaintes au Japon concernant la dernière version de la Prius, un véhicule «hybride» (électricité et essence) qui est le plus vendu par la marque au Japon.

Le responsable du contrôle de qualité, Hiroyuki Yokoyama, a reconnu l'existence d'un défaut dans le système de freinage hydraulique, qui peut, par temps froid, agir avec retard. «Le frein est lent mais si on continue à appuyer sur la pédale, la voiture s'arrête», a-t-il dit.

Toyota a dû rappeler depuis l'automne plus de huit millions de véhicules dans le monde en raison d'une pédale d'accélérateur défectueuse et d'un tapis de sol amovible qui a tendance à s'accrocher aux pédales.

Le géant nippon fait désormais l'objet d'une plainte en nom collectif aux États-Unis l'accusant d'avoir dissimulé «pendant plusieurs années les problèmes d'accélération involontaires». La plainte, déposée au nom d'un automobiliste du Colorado, demande une compensation financière pour tous les résidents de cet État qui possèdent une des voitures concernées par ces rappels.

Toyota est déjà dans le collimateur du ministre américain des Transports, Ray LaHood.

«Si vous possédez un véhicule (Toyota), cessez de le conduire, apportez-le chez un concessionnaire pour le faire réparer», a-t-il déclaré mercredi devant le Congrès. Il a ensuite tempéré quelque peu ces propos qui ont déclenché une polémique aux États-Unis, où l'État possède 60% de General Motors, le premier constructeur américain concurrent de Toyota.

Selon la NHTSA, M. LaHood a appelé mercredi soir le président de Toyota, Akio Toyoda. Ce dernier l'a «rassuré sur le fait que Toyota prend les préoccupations américaines sur la sécurité au sérieux et place la sécurité au premier rang de ses priorités».

Malgré cette crise, Toyota a créé la surprise jeudi en relevant fortement ses prévisions financières annuelles. Cette décision a étonné les analystes, dont la plupart avertissent que le coût de cette crise pour Toyota, notamment en termes d'image de marque, sera très élevé.

À la Bourse de Tokyo, l'action Toyota a terminé jeudi sur une nouvelle chute de 3,52% à 3280 yens. Depuis le 21 janvier, la valeur boursière du groupe a fondu de près de 22%.

Maigre consolation pour le japonais, le constructeur américain Ford a fait part à son tour d'un problème de freins sur ses modèles hybrides Fusion et Milan, assurant que le moyen de le réparer était immédiatement disponible.