Les systèmes d'assistance à la conduite pourraient faire baisser la mortalité sur les routes mais se heurtent à des obstacles, notamment psychologiques et économiques, ont relevé mercredi à Paris des spécialistes lors du «Carrefour de la recherche transport».

Depuis lundi, des chercheurs échangent sur les transports et sur tous les problèmes liés à la sécurité routière dans le cadre de ce carrefour organisé par le programme de recherche dans les transports (Predit).

Mercredi matin, un atelier a été consacré au thème «Sécurité routière et assistances à la conduite».

Détection d'obstacle, intelligence couplée à un freinage d'urgence, gestion automatique des distances entre les véhicules, adaptation automatique à la vitesse autorisée: plusieurs programmes de recherches sur l'assistance à la conduite, menés au niveau national ou européen, révèlent depuis cinq ans des perspectives prometteuses.

Le Limiteur de vitesse s'adaptant à la vitesse autorisée (Lavia), un programme de recherche français de six ans, qui vient de se terminer, pourrait, selon Jacques Ehrlich, du laboratoire central des Ponts et chaussées, sauver 250 vies chaque année sur les routes tout en évitant 340 accidents graves.

Le Lavia a été expérimenté dans le département des Yvelines (près de Paris) sur une flotte de 22 véhicules et 82 conducteurs pendant deux mois. Il aide le conducteur à respecter automatiquement les vitesses réglementaires, selon le réseau routier, grâce à une carte numérique dotée des vitesses réglementaires et d'un GPS. Il a été testé en deux modes actifs avec ou sans possibilité de déconnecter le système.

45 % des automobilistes, qui ont testé le Lavia actif débrayable, l'ont accepté sans problème, a affirmé M. Ehrlich, et 44 % se sont interrogés sur son utilité. Le grand avantage du Lavia, disent ces utilisateurs, c'est d'éviter d'être en excès de vitesse, et, ce faisant, de se faire flasher par les quelque deux mille radars fixes ou mobiles français.

Mais ces systèmes se heurtent à une série d'obstacles qui retardent d'autant leur mise en service dans la voiture de Monsieur Tout le Monde.

Farida Saad, directrice de recherches à l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets), a souligné que ces systèmes étaient «censés aider le conducteur à respecter les règles de conduite alors que l'on sait que le conducteur s'accorde volontiers des tolérances par rapport à ces règles».

En fait, le plus difficile, a expliqué M. Ehrlich, c'est de proposer, par exemple pour le système Lavia, une cartographie des limitations de vitesse, mise à jour régulièrement. Fabrizio Minarini, de la division transports à la Commission européenne, a insisté sur la nécessité de systèmes capables de fonctionner dans tous les pays européens afin de diminuer les coûts. Il «ne faudra pas non plus, a-t-il conclu, imposer ces systèmes par des lois mais stimuler la demande des futurs utilisateurs».