Dans la foulée de la controverse entourant le congédiement du lanceur d'alerte Louis Robert, le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek propose de se retirer de la tête du Centre de recherche sur les grains (CEROM).

Il recommandera cependant au ministère de l'Agriculture, qui assure la majorité du financement de cette société à but non lucratif, que les acteurs de l'industrie privée continuent d'occuper des postes d'administrateurs au sein du conseil d'administration.

« Le président des Producteurs de grains recommandera que les postes de dirigeants du conseil d'administration du CEROM (président, vice-président, trésorier et secrétaire) soient occupés par des administrateurs indépendants et que les organisations du secteur des grains continuent à être représentées au conseil par la présence d'administrateurs », ont écrit, ce matin, les Producteurs de grains du Québec dans un communiqué de presse. Ce syndicat de 11 000 agriculteurs est actuellement représenté par trois individus au conseil d'administration.

Plus tôt cette semaine, le ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, avait indiqué qu'il pourrait « tirer la plogue » sur le financement du CÉROM si la gouvernance n'était pas réalisée « dans les règles de l'art ».

Plusieurs chapeaux

Inconnu du grand public il y a à peine une semaine, le CEROM a été projeté à l'avant-scène depuis le congédiement d'un l'agronome du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ).

Fonctionnaire provincial depuis 32 ans, Louis Robert a transmis l'an dernier une note ministérielle à un journaliste de Radio-Canada. Ce document confidentiel faisait état d'une situation de crise au CEROM. À l'époque, 15 des 35 employés du centre, dont sept chercheurs, venaient de démissionner.

Le document raconte que des scientifiques ont subi des tentatives d'intimidation de la part de quelques membres du conseil d'administration et de son président, Christian Overbeek, « dans la diffusion et l'interprétation des résultats de projets de recherche ».

Christian Overbeek porte plusieurs chapeaux. C'est à la fois le président du conseil d'administration du CEROM et le président des Producteurs de grains du Québec, un syndicat affilié à l'Union des producteurs agricoles (UPA). En 2016, les Producteurs de grains avaient fourni 5,5 % du financement du CEROM, alors que le MAPAQ avait assumé 68 % des coûts.

Salah Zoghlami et Sylvain Pion, représentent également les Producteurs de grains du Québec au conseil d'administration. Ils occupent respectivement les postes de secrétaire et d'administrateur.

Ces trois hommes apparaissent par ailleurs au Registre des lobbyistes du Québec comme étant autorisés à intervenir auprès du gouvernement concernant le projet de règlement modifiant le Code de gestion des pesticides et le projet de règlement modifiant le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l'utilisation de pesticides. Ce mandat s'étend d'octobre 2018 à décembre 2019.

L'une des missions du CEROM est de faire de la recherche scientifique pour diminuer l'usage des pesticides nocifs pour l'environnement.

« J'ai toujours respecté les mandats qui m'ont été confiés, les règles éthiques qui s'appliquaient à moi, ainsi que les avis des spécialistes en matière de bonne gouvernance. C'est ce que je continue à faire aujourd'hui », a déclaré M. Overbeek dans le communiqué.

Les autres membres du conseil

La vice-présidence du CEROM est actuellement occupée par un représentant de la Coop Fédérée, un fournisseur de pesticides. La Coop Fédérée est par ailleurs représentée par un autre administrateur au sein du conseil. Selon Radio-Canada, la Coop fédérée a contribué à hauteur de 1,3 % au budget du CÉROM en 2016.

Un représentant de la compagnie Synagri, qui vend notamment des pesticides, siège toujours au conseil à titre d'administrateur indépendant. Un observateur du MAPAQ assiste également aux réunions, mais n'y a pas le droit de vote.

Selon les Producteurs de grains du Québec, l'assemblée générale du CEROM est prévue en avril 2019. C'est lors de cette assemblée que les règlements généraux de l'organisme pourront être modifiés.