(Québec) Le prix des véhicules électriques baissera « probablement » grâce à la fin graduelle du programme de subvention destiné à encourager leur achat.

C’est ce qu’a prédit le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, mercredi, pour justifier l’abandon du programme Roulez vert par son gouvernement — un programme visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui a coûté 400 millions d’avril dernier à janvier.

Il suggère ainsi que des constructeurs auraient pu gonfler les prix et possèdent une « marge de manœuvre » pour les diminuer.

Les concessionnaires automobiles se sont empressés de condamner la décision « regrettable » et « incompréhensible » du gouvernement de mettre fin au programme.

Dans son budget présenté la veille, le ministre des Finances, Eric Girard, a en effet annoncé la diminution graduelle de l’aide accordée, qui passera de 7000 $ à 4000 $ par véhicule électrique neuf, à compter du 1er janvier prochain, puis à 2000 $ le 1er janvier 2026, jusqu’à zéro en 2027.

« Ça peut avoir comme impact une incidence sur le prix du modèle », a plaidé M. Charette au cours d’une mêlée de presse dans un corridor du parlement, avant de se rendre à la séance du conseil des ministres.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Benoit Charette

Les constructeurs ont une marge de manœuvre. On le voit, il y a certains constructeurs qui, au cours des derniers mois, ont procédé à des baisses assez importantes du prix de leurs véhicules. Donc ça va probablement les inciter à continuer les baisses.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement

Tout comme son collègue M. Girard la veille, il a affirmé que le coût de revient du programme pour chaque tonne de réduction de gaz à effet de serre (GES) était « excessivement élevé ».

Mais il a assuré que le programme Roulez vert était néanmoins un « très, très gros succès ». Au dernier trimestre de 2023, 23 % des véhicules neufs vendus au Québec étaient électriques.

Il s’est engagé à investir les sommes dans un programme « avec des résultats plus probants ».

Le programme Roulez vert avait pour but de combler la moitié de l’écart de la facture entre un véhicule à essence et son équivalent électrique, plus cher, afin d’inciter à acheter électrique, et cet écart tend à diminuer, a par ailleurs argué M. Charette.

« Le programme ne peut pas être éternel », a-t-il plaidé.

Les manufacturiers ne risquent-ils pas de réduire l’offre de véhicules électriques au Québec ?

Non, selon le ministre, qui rappelle que la loi actuelle force les constructeurs à vendre un certain pourcentage de véhicules électriques. Les constructeurs pourraient ainsi être forcés de baisser leurs prix pour atteindre ces pourcentages, a-t-il renchéri.

Dans son Plan pour une économie verte, le gouvernement vise à atteindre la cible de deux millions de véhicules électriques sur les routes d’ici à 2030. Il y en avait 250 000 en janvier dernier, donc environ un huitième de l’objectif à six ans de l’échéance.

Comme l’objectif est encore loin d’être atteint, il faut donc conserver plus longtemps le programme, plaide la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ).

« Bien qu’il soit évident que les subventions n’aient pas pour vocation d’être éternelles, un tel positionnement découragera certainement les Québécois d’acheter électrique, peut-on lire dans un communiqué. Les consommateurs écoresponsables seront ainsi pénalisés de faire le bon choix, alors que leurs portefeuilles sont déjà fortement attaqués. »

Outre les véhicules neufs 100 % électriques, le programme prévoit également des rabais pour d’autres types de véhicules hybrides ou électriques. Ils iront aussi en cascade descendante jusqu’à l’extinction en janvier 2027.

Pour les véhicules hybrides rechargeables neufs, le rabais actuel de 5000 $ passera à 2000 $ en 2025 et à 1000 $ en 2026, puis zéro en 2027.

Le rabais actuel de 3500 $ pour les véhicules électriques d’occasion diminuera à 2000 $ au 1er janvier prochain, puis 1000 $ en 2026.

Concernant les motos électriques, la subvention de 2000 $ passera à 1000 $ en 2025 et à 500 $ en 2026.

Enfin, pour les motos électriques à vitesse limitée, le rabais de 500 $ sera tout simplement éliminé au 1er janvier.