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« Bonjour à vous ! J’aimerais comprendre pourquoi la hausse des taux d’intérêt contribue à réduire l’inflation. Au contraire, ça augmente l’endettement des gens et cela cause beaucoup plus d’ennuis que de payer un peu plus cher notre brocoli ! Je ne comprends vraiment pas la hausse des taux. Merci. » — Daniel Blanchard

Selon les économistes, le meilleur moyen de freiner la hausse des prix est de ralentir la demande, et la hausse des taux d’intérêt vise justement à réduire l’appétit des consommateurs en rendant le crédit plus dispendieux.

Mais la hausse des taux d’intérêt se traduit effectivement par des coûts hypothécaires plus élevés, comme en témoigne la progression de 30,5 % qu’a enregistrée l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire depuis le début de 2023, selon Statistique Canada.

Mais cet indice n’est pas le seul qui est pris en compte dans le calcul de l’inflation, rappelle Benoit Durocher, directeur et économiste principal au Mouvement Desjardins.

« L’inflation est calculée à partir d’un panier de biens et de services à la consommation de 250 composantes et chacune de ces composantes n’a pas la même importance. C’est vrai que les coûts d’intérêt d’une hypothèque sont plus importants que le prix d’un brocoli, mais tout ça est pris en compte.

« L’important, c’est de ramener l’ensemble des prix des différentes composantes à un taux d’inflation de 2 %. Même si l’indice des coûts hypothécaires a progressé de 30 % en octobre dernier, le poids de cet indice ne compte que pour 3,8 % de l’indice total des prix à la consommation », précise Benoit Durocher.

En règle générale, au Québec, un tiers des ménages est locataire, un tiers est propriétaire et détenteur d’une hypothèque et un dernier tiers est propriétaire avec une hypothèque payée. C’est pourquoi l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire ne compte que pour 3,8 % du taux d’inflation total.

L’ensemble du secteur du logement compte par ailleurs pour 28,3 % du calcul total de l’inflation, contre 16,4 % pour le transport, par exemple.

« Mais le grand secteur du logement inclut le coût des loyers, des assurances, de l’entretien, des frais hypothécaires, le prix des maisons, le coût des impôts fonciers, de l’électricité, de l’eau, du gaz, c’est beaucoup plus large », rappelle Benoit Durocher.

La progression du prix des aliments a ralenti en octobre de 0,5 %, celui des transports de 0,4 % et celui des chaussures et vêtements de 0,5 %. Les prix du loyer ont par ailleurs augmenté en octobre de 8,2 % contre 7,3 % en septembre, et ici ce ne sont pas les coûts de l’intérêt hypothécaire qui sont en jeu, mais bien l’effet de rareté de logements disponibles qui continue de faire pression sur les prix.

Donc les taux d’intérêt plus élevés contribuent à générer une certaine hausse du coût de la vie, mais cette hausse est compensée par les baisses enregistrées par une réduction des prix dans d’autres secteurs. On l’a vu, en octobre dernier, l’indice des prix à la consommation a reculé à 3,1 % comparativement à 3,8 % en septembre.

Le danger, pouvons-nous ajouter, est qu’une trop forte hausse des taux d’intérêt ralentisse l’économie au point de la pousser en récession, et c’est à ce moment-là qu’on peut dire que le remède a causé plus de dommages que le mal qu’il était censé guérir.

Une version précédente de ce texte indiquait que c'est le prix des aliments, des transports ainsi que des chaussures et vêtements qui avait diminué en octobre, alors que c'est la progression de leurs prix. Nos excuses.

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