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« J’entends beaucoup de choses sur les fondations et je me demande qui peut lancer une fondation. Qu’en est-il ? » — Christiane Baril

Excellente question, car nous connaissons bien mal le fonctionnement, complexe, de ces organismes.

Commençons déjà par le commencement. Au Québec, il existe des « œuvres de bienfaisance » et deux types de fondations, publiques et privées – de différentes structures.

À la question « Qui peut lancer une fondation ? », la réponse est… tout le monde ! À condition d’avoir un peu d’argent et, idéalement, une vision ou un projet. Selon les sommes et le but, le chemin n’est pas le même.

D’abord, il faut savoir que les fondations privées ne sont pas montées rapidement sur le coin d’une table, avec une bonne idée en tête.

Cela demande du travail au départ, et bien au-delà puisque les fondations privées sont gérées par des administrateurs plus ou moins indépendants – au moins la moitié d’entre eux doivent avoir un lien avec la fondation, souvent une famille ou même un seul donateur.

Décider de lancer une fondation demande donc beaucoup de moyens, dans tous les sens du terme.

« Ça prend toujours un conseil d’administration, qui est redevable à la collectivité », précise Caroline Bergeron, responsable des études en gestion philanthropique à la faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal.

Les gens doivent rendre compte de leurs activités, faire les rapports qui s’imposent et respecter les lois sur les organismes de charité.

« C’est beaucoup d’administration, beaucoup de paperasse, dit Caroline Bergeron. Ça peut être rentable pour quelqu’un qui a énormément d’argent et qui veut capitaliser ses fonds et utiliser une portion du capital. »

Plusieurs fondations familiales privées font comme ça.

Il faut par contre savoir que lorsque l’on donne son argent pour créer une fondation privée, on le donne à une structure. On a un reçu pour fins d’impôt contre ça, mais l’argent appartient à la collectivité.

Caroline Bergeron, responsable des études en gestion philanthropique à la faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal

Et c’est pour cette raison que le conseil d’administration, même s’il est lié au fondateur-donateur, est redevable.

Quant au mandat, il peut être très varié, tant qu’il respecte la loi sur les organismes de bienfaisance.

« Ça doit être un organisme à but non lucratif qui entre dans les grands secteurs établis par Revenu Canada », précise Caroline Bergeron.

Il existe une autre voie pour les donateurs potentiels qui ont un projet, mais pas nécessairement des moyens qui justifieraient l’effort de la création d’une fondation privée : les fonds de dotation.

C’est une voie intéressante pour soutenir un objectif particulier, précise Caroline Bergeron.

« On pourrait créer un fonds à la Fondation du Grand Montréal, par exemple, dit-elle, dans une fondation communautaire. »

Le processus est beaucoup plus simple et n’inclut pas la formation d’un C.A.

Autre avantage, soulève Caroline Bergeron, ça permet à des gens de faire un projet qui leur tient à cœur, sur une durée définie. « Et ils vont le voir de leur vivant », dit-elle.

Ce processus permet de faire des projets avec des sommes plus petites, quitte à remettre de l’argent en renouvelant le fonds. Ça peut être lié à la fondation d’un hôpital ou d’une université, par exemple, où l’on pourrait créer un fonds personnalisé de bourses ou d’études.

Lisez le reportage de Marc Tison « Créer sa propre petite fondation ? Facile ! »

Dans tous les cas, la personne qui veut se lancer doit faire une bonne évaluation de ses objectifs et du temps qu’elle veut consacrer à son projet, qui peut carrément devenir un projet de vie. D’autres avenues sont possibles, notamment se lancer seul, accompagné de son planificateur financier, plutôt que de s’associer avec des fondations communautaires et publiques.

À savoir : les fondations publiques ont des mandats de bienfaisance et des administrateurs indépendants, contrairement aux fondations privées.

D’où vient la suspicion que l’on peut avoir face à ces organismes ?

« Les organismes nous demandent de l’argent, c’est normal qu’on se pose la question à quoi ça sert ! », répond Caroline Bergeron, responsable des études en gestion philanthropique à la faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal.

Heureusement, comme elles sont redevables à la collectivité, les rapports d’activité de ces fondations sont tous disponibles. Un donateur potentiel peut les consulter et choisir où il souhaite contribuer – les secteurs d’activité sont très variés.

Par contre, plusieurs personnes sont surprises par les frais d’administration de ces entreprises philanthropiques, note Caroline Bergeron. Or, pour lancer des campagnes de visibilité et de financement, une fondation doit inévitablement avoir du personnel compétent.

« On pense parfois que tout le monde devrait être bénévole, mais ça prend de grandes expertises pour travailler dans certains organismes de bienfaisance. »

« Le public veut parfois que l’argent versé serve uniquement pour la cause, or c’est utopique, poursuit-elle. Il y a des gens qui s’occupent de cette cause-là. »

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